« Les extraordinaires » pourrait avoir comme sous-titre : laissez-nous rêver ! Comme le développe le prologue qui se situe au moment d’une fête d’école, qui d’entre nous n’a pas répondu à la fameuse question : Que voudrais-tu faire lorsque tu seras grande ? Moi, quand je serai grande, je voudrais être Julien Sandrel. Je voudrais transmettre des émotions positives. Je voudrais que les gens qui me lisent s’accordent encore le droit de croire en leurs rêves. Je voudrais être capable de leur laisser le message suivant : « Ne t’inquiète pas, la vie va te secouer parfois, mais tout ira bien. » Je voudrais montrer que dans cette traversée, tout est possible, à condition d’y croire, et de se donner les moyens d’y parvenir.
« Les extraordinaires » développe précisément ce propos. Rêver, travailler, réussir. Mais d’abord, rêver. « Dans ma famille, nous cultivons l’idée que chaque individu est, d’une certaine façon, le fruit de ses rêves. Bien sûr, tous ne sont pas comparables, et tous ne nous construisent pas de la même manière. » Dans la vie d’un enfant, le rêve est une chose primordiale. L’héroïne de ce roman, Anna rêve depuis l’âge de six ans, encouragée par son père. Évidemment, la vie s’est chargée de lui remettre les pieds sur terre, de la plus cruelle des façons. À l’âge adulte, lorsqu’on a traversé tant d’épreuves, quand on passe tout son temps à gérer le quotidien, il n’y a plus de temps pour le rêve, à part peut-être la nuit durant les périodes de sommeil ? « Mon père m’a toujours poussée à rêver, et j’ai fait la même chose avec mes enfants. Mais je crois aussi qu’il y a un temps pour tout. Aujourd’hui, j’ai passé l’âge des rêves. La vie s’est chargée de me faire redescendre. Ce n’est ni du regret ni de l’amertume, c’est une forme de lucidité. » La lucidité, c’est bien ce qui reste lorsque la vie nous a frappés trop durement…
Pourtant, lors d’une soirée préparée pour son anniversaire par ses amis les plus proches, Anna va avoir l’occasion de retrouver ses rêves d’enfant. La fête surprise attendue se transforme en cadeau inattendu et complètement fou. Et cet inattendu va refaire pousser les envies d’Anna. « Il y a les rêves minuscules, les plus ambitieux, les “une fois dans sa vie”, les infiniment grands. Il y a les avortés, les inaccessibles qui galvanisent ou qui nous empêchent d’avancer, les rêves de façade que l’on invente pour plaire à son entourage. Et puis il y a les autres. Les intimes. Les viscéraux. Ceux qui nous tiennent, donnent un sens à notre bref passage sur Terre. Ou qui nous lient à quelqu’un, de manière irrationnelle. »
Pour réaliser ce rêve, Anna va faire partie d’un groupe qui va s’auto- baptiser « Les extraordinaires ». Ensemble, ils vont apprendre à se confier, à rester soudés, à affronter les épreuves, et à s’aimer. « Ils n’ont rien de superhéros, ce sont tous des êtres humains singuliers, avec leurs défauts, leurs qualités, et une bonne dose d’humour. Et c’est précisément là que se trouve l’extraordinaire : tapi dans l’ordinaire. » Dans sa vie bien installée de médecin généraliste, mère de famille, Anna va apprendre à lâcher prise, et à se donner corps et âme pour réaliser ce souhait d’enfant. Mais, elle ne va pas le faire seule. La magie de la réussite passe parfois par les autres. Ainsi Julien Sandrel, nous fait découvrir la fine équipe haute en couleur qui va accompagner Anna.
Dans « Les extraordinaires », vous allez rencontrer des personnages formidables. Des personnages qu’il vous sera très difficile d’oublier parce que l’auteur sait les rendre tellement attachants, en si peu de temps. C’est une grande force de parvenir à faire aimer d’illustres inconnus, par une action ou une parole, en quelques secondes. Ainsi, Nabila qui possède le prénom et la silhouette de la starlette télévisuelle est certainement le personnage qui m’a fait le plus rire. Et pourtant, ce qui l’attend est la plus grande épreuve de sa vie. À travers ce personnage, l’auteur nous montre qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture comme disent les Américains (don’t judge a book by his cover!) ni une femme à son apparence. Nous cachons tous quelques secrets que nous gardons pour nous. La présence de Diego l’autre personnage phare du roman est tout aussi surprenante. Pour réussir à réaliser ce rêve commun, on peut difficilement imaginer la présence d’un homme handicapé dans le groupe. Or, Diego souffre d’un handicap qui, au lieu de le freiner, lui donne des ailes. Vous l’aurez compris, le travail de l’auteur sur ses personnages est tout à fait remarquable et permet une immersion totale et immédiate du lecteur dans d’histoire. Car, derrière les faiblesses se cachent de vraies forces.
L’histoire, justement, parlons-en. Je vous ai bien eus ! Évidemment que je ne vais pas vous en parler ! Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai beaucoup aimé la construction du roman. « Les extraordinaires » commence de façon assez classique, un prologue, le début d’une histoire, mais va se transformer progressivement en roman choral. Julien Sandrel a eu la bonne idée d’alterner les voix, principalement entre celle d’Anna et de Diego. Par ce biais, le lecteur, entre progressivement dans l’intimité de chacun et c’est précisément là que les émotions viennent lentement frapper à votre cœur…
Et des émotions, il y en a… une palanquée !!! On passe du rire aux larmes en quelques secondes. « Les extraordinaires » ressemble à des montagnes russes dans lesquelles vous montez en fermant les yeux, sans rien savoir du prochain virage. Il n’est pas impossible de vous retrouver la tête en bas ! Outre les personnages attachants, l’histoire captivante, j’ai beaucoup aimé les thématiques abordées dans ce roman. Par exemple, il n’est pas anodin que Julien Sandrel y ait glissé cet art du kintsugi, « art japonais qui sublime les objets brisés en réparant leurs fractures à l’aide de feuilles d’or. » Car, les personnages sont tous un peu cassés et ont besoin d’être réparés, soit physiquement, soit moralement. Quel meilleur parallèle que cet art de résilience basé sur la lenteur et la patience ?
« Les extraordinaires » c’est un pacte intime que l’on fait avec soi-même : aller au bout de ses rêves, la promesse de faire le plein d’émotions positives pour offrir du carburant lors de journées plus sombres, le serment confidentiel de rendre possible l’impossible. Je vous l’ai toujours dit : on a TOUS besoin d’un Julien Sandrel dans sa vie !
MERCI, GRAZIE, THANK YOU, Julien Sandrel – Calmann-Lévy, sortie le 2 mars 2022.
VERS LE SOLEIL, Julien Sandrel – Calmann-Lévy, sortie le 24 février 2021.
LES ÉTINCELLES, Julien Sandrel – Calmann-Lévy, sortie le 26 février 2020.
LA VIE QUI M’ATTENDAIT, Julien Sandrel – Calmann Lévy, sortie le 6 mars 2019
Sandrel, magicien des émotions 🙂
Si certains doutent encore, ils seront convaincus par ton billet enthousiaste
Je te renvoie le compliment 😉
Quel roman formidable !!
Justement c’est ce que j’aime chez Julien Sandrel les emotions qui résonnent en chacun de nous. Maintenant j’ai envie de l’acheter 😅😘
Vas-y ! C’est pour ton bien 😉
Malgré tous les jolis retours que je lis sur ses romans, je ne l’ai encore jamais lu.
Écoute la chambre des merveilles
Et voilà. Ma whislist me fait la tête. Merci pour la chronique Aude. 🤗😘