À toutes les femmes devenues mères, par choix ou par égarement, aux parfaites qui gèrent de main de maître, aux imparfaites qui tâtonnent, laissent leurs grands principes au placard, négocient. À toutes les mères qui avouent sans ambages que la maternité les a transformées, qu’elles sont passées d’un état d’insouciance à un état de stress permanent, qu’elles courent après le temps, après le silence, après l’envie. À toutes les mères conscientes de leurs émotions ambivalentes, à celles qui admettent avoir un « préféré », à celles qui voient les défauts de leurs progénitures, à celles qui protègent un frère contre une sœur. À celles qui dérogent aux règles pour 5 minutes de paix, qui font du chantage, qui « achètent » leurs enfants pour se convaincre de vivre dans l’harmonie. À celles qui ont peur, de tout, tout le temps : d’une blessure, d’un coup de soleil, des grands espaces où tout est possible, d’un accident. À celles qui étouffent, à celles qui protègent, à celles qui font confiance à leur instinct, à celles qui se battent contre elles-mêmes en permanence. À celles qui se sont épanouies professionnellement, ont des métiers respectés, mais redeviennent des enfants craintifs une fois la porte de l’espace familial franchi. À celles qui acceptent d’être haïes, ignorées par leur belle-famille, à celles qui consentent au pique-nique annuel alors que ce n’est pas une sinécure. À celles qui souffrent en silence, jouent la comédie, mais crèvent de l’intérieur.