Aude Bouquine

Blog littéraire

Par la force des choses de Claire Norton

L’année dernière, j’avais eu la chance de découvrir Claire Norton avec « Le sens de nos pas ». Ce roman, que je n’avais pas chroniqué parce que je voulais le garder pour moi, m’avait laissé un fabuleux souvenir de lecture en raison des émotions qu’il avait générées. Il mettait en lumière une relation singulière entre un grand-père et une adolescente de quinze ans. J’avais alors été charmée par la plume de l’écrivaine, et par cette histoire, très émouvante. 

Cette année, Claire Norton sort un nouveau roman, « Par la force des choses ». Dans ce texte, elle s’attaque à l’histoire d’un amour fou, profond, presque immuable, entre une femme mariée, et un homme lui aussi marié. Chacun d’entre eux est parent, ce qui complique considérablement leur histoire, puisqu’avant d’être ensemble, il faut clore un chapitre de sa vie. 

« Par la force des choses » est le récit de cet amour qui défie le temps, l’espace et les conventions. Lisa a fait un mariage de raison. Elle a envisagé son couple comme un partenariat où chacun aide l’autre dans ses projets de vie. Victor s’est plongé dans son travail qui lui demande beaucoup de déplacements, et parfois des expatriations. Lorsqu’ils se croisent lors d’une soirée, la rencontre est magique. Elle restera cependant au rang d’un merveilleux souvenir. Quelques années plus tard, Lisa recroise cet homme qu’elle n’a jamais oublié. Un signe du destin ? Cette fois-ci, hors de question de le laisser s’enfuir, d’autant que l’attraction est réciproque. 

Leur liaison demeure cachée dans les premières années. Au rythme des déplacements de l’un, des obligations de l’autre, ils trouveront toujours un moyen de se retrouver. « Par la force des choses », pour vivre heureux, vivons cachés. Mais pour combien de temps ? L’un et l’autre savent qu’ils ont trouvé le partenaire de leur vie. Vivre ensemble devient leur principale obsession. Pour cela, de nombreux obstacles restent à franchir. Pour l’un, comme pour l’autre, ils devront faire face aux enfants, à la personne quittée et à d’immenses bâtons dans les roues de leur bonheur futur. 

Lisa n’a aucun doute sur l’honnêteté de cet homme. Victor est certain de l’amour de cette femme. Et pourtant, les choses ne seront pas si simples. Être ensemble, vivre leur amour au grand jour, devient un véritable chemin de croix semé d’embûches. 

Au rythme des chansons de Jean-Jacques Goldman, Claire Norton raconte les premiers pas de cet amour fou, les difficultés, les espoirs et les déceptions. Dans une première partie où tout est lumineux, malgré de douloureuses décisions à prendre, elle parvient à nous faire aimer ces deux protagonistes parce qu’on les sent sincères et entiers. Il est tellement évident qu’ils finiront ensemble, malgré ce prologue du lundi 24 décembre 2012 où Lisa attend désespérément l’homme qu’elle aime. 

Je me demandais quel serait le rebondissement que l’écrivaine imaginerait pour retourner l’histoire. Car, la connaissant, elle n’est pas du genre à verser dans la facilité. Je m’attendais à tout, sauf à ce qu’elle a imaginé. La seconde partie de « Par la force des choses » est terrible pour plusieurs raisons, qu’évidemment je ne dévoilerais pas. Mais c’est cette partie du roman qui m’a réellement captivé par les thématiques qu’elle y aborde. Le destin est facétieux, injuste, et cruel. 

Cela me fait penser à tous ces couples qui vivent ensemble et ne mesurent pas leurs chances. Dans notre entourage, nous connaissons tous des histoires d’amour impossible, des êtres séparés, des anecdotes douloureuses qui empêchent deux personnes de s’aimer. 

A contrario, la vie quotidienne, l’éducation des enfants, les difficultés professionnelles engendrent de sérieuses complications dans l’harmonie conjugale pour ceux qui ont la chance de s’être trouvés. 

Pourtant, nous ne savons pas profiter de ce qui a été si chèrement acquis. Nous oublions les premiers moments, ces instants qui ont rendu le « nous » possible. Le temps nous échappe, et avec lui, l’attention que l’on accorde à l’autre. Les années passent, et quand on prend le temps de regarder en arrière, on s’aperçoit de tout ce temps perdu… De toutes les fois où on n’a pas fait attention à l’autre, de tous ces mots qu’on n’a pas dits, de tous ces moments qu’on a gâchés, obsédés par des choses qui n’avaient finalement pas grande importance. Dans certains cas, il est impossible de faire marche arrière, parce que la vie vous rattrape. Toujours. 

C’est ce que je veux retenir de « Par la force des choses », une petite musique lancinante qui vient nous chuchoter qu’il n’y a jamais rien d’acquis. Peut-être que la solution est de s’octroyer parfois une fuite du monde. Une pause pour remettre l’essentiel au centre de nos vies. Pour rester dans la veine du roman, et parce que j’adore certains textes de Jean-Jacques Goldman, je citerai les paroles tirées de ma chanson préférée « Il y a ». 

« Il y a des odeurs de menthe

Et des cheminées

Et des feux dedans

Il y a

des jours et des nuits lentes

Et l’histoire absente

Banalement

Et loin de tout, loin de moi

C’est là que tu te sens chez toi

De là que tu pars, où tu reviens chaque fois

Et où tout finira (…)

Et plus la terre est aride, et plus cet amour est grand

Comme un mineur à sa mine, un marin à son océan

Plus la nature est ingrate, avide de sueur et de boue

Parce que l’on a tant besoin que l’on ait besoin de nous

Elle porte les stigmates de leur peine et de leur sang

Comme une mère préfère un peu son plus fragile enfant »

Il y a des moments où il ne faut pas perdre de temps, où l’on marche sur un fil sans le savoir et où l’on peut tomber d’un simple coup de vent…

Dans un autre genre, découvrez d’autres parutions chez Robert Laffont : les romans de Christophe Agnus

LA LISTE DE L’ÉCRIVAIN, Christophe Agnus – Robert Laffont, paru le 8 juin 2023.

 L’ARMEE D’EDWARD, Christophe Agnus – Robert Laffont, sortie le 10 février 2022.

Les prochains romans à paraître chez Robert Laffont

La vie secrète des écrivains de Guillaume Musso, illustré par Miles Hyman.

« La vie secrète des écrivains » est, à l’origine, un roman écrit par Guillaume Musso paru chez Calmann-Lévy en 2019. Depuis, il est sorti en poche au livre de poche, puis en audio chez Audiolib. Il fait également partie d’une trilogie, « La trilogie des écrivains » qui regroupe « La jeune fille et la nuit », « La vie secrète des écrivains » et « La vie est un roman ». Le 20 septembre, il paraît sous la forme d’un roman graphique illustré par Miles Hyman. J’étais donc très curieuse de retrouver ce texte dans un graphique de 182 pages où il faut faire ressortir l’essentiel du récit d’origine. 

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Benoît Lacoste Librairie Aux Feuilles Volantes

Aujourd’hui, je vous présente Benoît Lacoste, libraire « Aux Feuilles Volantes ».

Je suis Benoît, Landais de 46 ans aux multiples vies. Ingénieur en Mathématiques appliquées, j’ai œuvré dans le management de projet et l’avant-vente dans un contexte international durant quasiment 23 ans. Je suis un grand lecteur depuis ma plus jeune enfance, plus ou moins assidûment. À la suite d’un divorce, j’ai eu le besoin de partager mes avis et de communiquer avec d’autres lecteurs afin de me pas m’isoler. C’est ainsi que j’ai pu faire partie de jurys lecteurs des plus grands prix (Orange, France Télévision, BFM L’Express, Points, Pocket, Livre de poche …) et ouvert le blog « À l’ombre du noyer » en août 2015.

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« Livres Audio prochaines sorties : fin sept/octobre 2023 », à vos wishlists ! Comme vous le savez, le livre audio fait désormais partie intégrante de mon quotidien. Même si je suis actuellement plongée dans la saga des sept sœurs, cela ne m’empêche pas d’écouter d’autres livres audio à tout moment de la journée et durant chaque temps masqué. Certains des titres dont je vous parle ici sont des lectures prévues au format papier. Je verrais si le temps me permet de les écouter également en audio. Et vous ? Avez-vous testé le livre audio ? Lire la suite

Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic

« Personne ne meurt à Longyearbyen » ! Êtes-vous bien certains de cette affirmation ? Parce que dans ce nouveau roman de Morgan Audic, les cadavres s’enfilent comme des perles du côté des Lofoten ou de Longyearbyen. Tout ce sang sur la neige immaculée, cela fait un peu désordre… Pour ce troisième roman, l’auteur a choisi de nous emmener explorer deux endroits pour deux affaires à résoudre. La première concerne la mort de Agneta Sørensen, étudiante en biologie arctique. La seconde, le décès brutal d’Asa Hagen, ancienne reporter de guerre. Dans la première enquête, c’est Lottie Sandvic qui s’en charge à Longyearbyen. Dans la seconde, Nils Madsen prend la main dans les Lofoten. 

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Du même sang de Denene Miller Rentrée littéraire août 2023.

Dans « Du même sang », trois générations de femmes se succèdent sur trois époques : Grace de 1965 à 1969, Delores de 1967 à 1999 et Rae de 1999 à 2004. Trois femmes noires, issues du même sang, bataillent dans une Amérique raciste pour faire valoir leurs droits, mais aussi leur place dans leur propre foyer. Ces trois portraits apportent un éclairage saisissant de trois périodes clés de l’histoire américaine et de l’évolution de la société. Leurs destins sont intimement mêlés par les épreuves qu’elles vivent, les hommes qui croisent leur route et surtout leurs aspirations de liberté. En prenant comme base la situation de la femme noire, Denene Millner s’adresse également à toutes les femmes, de toutes origines et de toutes situations. Journaliste de métier, l’auteure a envisagé ce texte comme une véritable enquête de société. La narration y est puissante par ce style journalistique qui rapporte des faits, tout en décortiquant les ressentis de chacune. Une écriture affûtée pour un roman d’une puissante densité où les questionnements sont nombreux et les émotions déferlantes. « Du même sang » célèbre la magie des filles et femmes noires, et montre à quel point la couleur de peau s’inscrit dans une sorte d’héritage générationnel, entre clivages, fractures et renouvellements, et quêtes d’idéaux. 

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Michael Corbat, Librairie Les Papiers bavards « COUPS DE CŒUR DE LIBRAIRE », Michael Corbat, Les Papiers Bavards

Libraire depuis plus de 3 ans à la Librairie les Papiers bavards à Audincourt, après 13 années passées à l’Espace culturel de Belfort, j’aime passer mes mois d’été à boire l’apéro 🍻 (je suis toujours à me demander d’où vient cette réputation…) …euh à défricher les centaines de livres pour la rentrée littéraire. Il y a tellement de livres que j’aurais adorés, mais que je ne lirai sûrement jamais, mais j’ai appris au fil des années l’acceptation, étape primordiale pour ne plus subir la frustration née de la pléthore de parutions. C’est donc avec joie que je partage avec mes romans coup de cœur avec Aude, dont l’idée de parler des libraires ne peut que faire chaud au cœur. 

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Le paradis caché de Luca Di Fulvio

« Le paradis caché » s’ouvre sur deux enfants. L’un est un petit garçon qui a vu mourir sa mère. L’autre est une petite fille dont la mère est morte en couche. Daniele sera abandonné par son père, Martinengo di Barco aux bons soins du Frère Thevet. Par un concours de circonstances, et une menace qui plane sur la tête de Susanna, les deux enfants seront réunis dans le même monastère. Sous la houlette de Frère Thevet, le plus grand prendra soin de la petite. Ils sont très jeunes, mais malgré cette jeunesse, de lourdes menaces pèsent sur eux. Daniele est né avec une « coiffe » qui peut « guérir les êtres vivants de la mort ». Susanna est née dans le sang. Les paroles funestes de l’accoucheuse lancées à Daniele la poursuivent « Tu n’as pas pu sauver ta mère, parce que Susanna devait naître. Dans le sang, condamnée à être une sorcière. » Puis, séparés, Susanna sera confiée à une abbesse du monastère de la Santissima Assunta de Camporosso.

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Sorties littéraires octobre 2023

Sorties littéraires octobre 2023, mes lectures, mes choix ! Pour ce mois d’octobre, j’ai décidé de vous parler exclusivement des romans qui sont dans ma liste personnelle de futures lectures. Ce mois-ci, plusieurs romans ont retenu mon attention. Pour certains d’entre eux, je n’ai pas forcément les couvertures françaises pour le moment. Par exemple, le roman de Blake Crouch sortira chez Gallmeister, ceux de Janelle Bown et Matt Wesolowski aux Arènes. Deux auteurs que j’aime énormément parce qu’ils me font toujours un bien fou sortent un nouveau titre : Nathalie Hug et Gilles Legardinier. Monsieur Toussaint Louverture remet le couvert avec une nouvelle sortie que je vous laisse découvrir ! Encore un travail éditorial incroyable. J’ajoute que, pour les amateurs de polars/thrillers, vous devriez trouver votre bonheur : c’est l’heure de grandes retrouvailles ! Enfin, j’attends énormément de deux romans. : « La maison bleue » et « Tant de nuances de pluie ». Notez également le nouveau roman de Joyce Carol Oates « Babysitter » dans vos tablettes. Bref, il y en a pour tous les goûts, comme d’habitude, je vous propose aussi deux ouvrages pour ne jamais oublier vos âmes d’enfants…  Et vous ? Qu’attendez-vous pour ce mois d’octobre ? Quelles sorties littéraires attendez-vous avec impatience ? Au fait, soyez prudents, Big Brother vous observe dans « Pointland, l’empire des points » chez l’Alchimiste !

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L'hôtel des oiseaux de Joyce Maynard Rentrée littéraire août 2023.

« L’hôtel des oiseaux » est un roman sur la renaissance et la résilience d’une femme qui, petite déjà, a subi de terribles traumatismes. À 7 ans, en 1970, Joan perd sa mère dans une explosion causée par une bombe dans un sous-sol de New York. Elle est prise en charge par sa grand-mère qui lui fait jurer de ne jamais parler de sa mère ni de cette explosion. Joan doit effacer sa vie précédente, et s’en construire une nouvelle. Pour cela, elle deviendra Amélia. Les années passent, Amélia, continue de vivre dans le secret. C’est une artiste. Un homme partage sa vie, elle est maman d’un petit garçon. À nouveau, le destin vient frapper à sa porte, une nouvelle tragédie fait voler son existence en mille morceaux. Incapable de faire face, Amélia décide de partir sans but précis. Loin : sa seule envie, son seul besoin. Elle atterrit dans un pays d’Amérique centrale, puis dans un hôtel, La Llorona, qui ressemble à un conte de fées, où la propriétaire Leila l’accueille chaleureusement. Ce havre de paix, « Juste le ciel, l’eau et le volcan », loin du monde et de ses vicissitudes, vont permettre, éventuellement, à Leila, de réfléchir, de guérir, et de se reconstruire. 

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