Aude Bouquine

BLOG LITTÉRAIRE

La dernière échappée de Léa Frédeval

Avez-vous déjà été quitté ? C’est l’abandon soudain de son mari Jacques et des décisions familiales la concernant qui vont jeter Léopoldine dans « La dernière échappée ». À ses côtés, sa petit-fille Chloé prend les choses en main : hors de question de placer sa grand-mère chérie dans un mouroir. Durant « La dernière échappée », Chloé et Léo vont faire chacune le deuil de l’être qui les a quittées, mais aussi se dire ce qu’il reste à se confier lorsque la fin approche. Ici, pas de conflit de générations, entre les deux c’est l’harmonie parfaite, elles se comprennent sans rien se dire. Mais, lorsqu’elles se parlent, c’est pour exprimer l’essentiel. Léo a toute une vie à raconter et un secret à révéler qu’elle a gardé pour elle durant soixante-six ans…. « Toutes les nuits de ma vie, j’ai entremêlé et serré plus fort ce que je ne peux ni défaire ni refaire. Les couches de culpabilité s’empilent depuis si longtemps que je ne suis plus qu’un amas de fautes. »

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Cinq petits indiens de Michelle Good Editions du Seuil, collection voix autochtones

« Cinq petits Indiens » fait partie d’une nouvelle collection publiée aux éditions du Seuil, sous le label « voix autochtones ». Le but de cette collection est de donner la parole à tous les peuples premiers qui en ont été privés. « Cinq petits Indiens » se déroule au Canada à la fin des années 1960. Des enfants issus de familles autochtones ont été littéralement arrachés à leur famille, puis placés dans des pensionnats ou missions, dans le but d’y être « civilisés ». L’objectif de cette entreprise était de « faire mourir l’indien » qui se trouvait en eux, et d’annihiler définitivement leur appartenance à cette culture. Ces enfants autochtones (relatif aux personnes vivant sur le territoire habité par leurs ancêtres depuis un temps immémorial) ont été séparés de leur famille du jour au lendemain, et ont passé plusieurs années dans ces établissements dirigés par des ecclésiastiques. Malgré une pléthore d’actions entreprises, aucun parent n’a jamais pu récupérer son enfant de manière légale. L’écrivaine Michelle Good a travaillé comme avocate auprès de ses survivants, qui, une fois sortis de ces pensionnats, ont demandé des comptes à l’État canadien. La note de l’éditeur en début de roman donne quelques clés sur l’horreur des situations vécues par ses enfants, dont certains n’avaient alors que six ans.

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Suspicion(s) de Ophélie Cohen Sorties littéraires avril 2023

« Suspicion(s) » d’Ophélie Cohen est un roman choral qui traite d’emprise et de manipulation lors de l’éclatement d’une famille. Du « trio magique », il ne reste rien dès l’instant où Hugo quitte le domicile familial pour s’installer avec sa secrétaire devenue sa maîtresse. Il laisse derrière lui sa femme Rachel, profondément blessée, et son fils Aaron, chair de sa chair, prunelle de ses yeux. Si Ophélie Cohen choisit d’alterner les points de vue, elle décide également de naviguer dans le temps : une partie en 2000 pour raconter la séparation, le déchirement, et la haine, l’autre partie en 2002 lorsqu’intervient un autre personnage, Nathalie, brigadier-chef à la brigade des Mineurs et une toute fin en 2008. 

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Parcourir la terre disparue de Erin Swann Sorties littéraires mai 2023

« Parcourir la terre disparue » de Erin Swan est un remarquable premier roman, commencé en 2014. Il est sorti aux États-Unis en mai 2022 sous le titre « Walk the vanished earth ». Il est aujourd’hui publié en France aux éditions Gallmeister. Il aura donc fallu six ans à Erin Swan pour écrire, puis peaufiner ce récit en parallèle de son travail de professeur. Six ans pour construire un roman d’une densité exceptionnelle, porté par des personnages tous issus de la même lignée. « Parcourir la terre disparue » s’étend sur deux siècles et met en scène sept générations, des États-Unis à la planète Mars. L’écrivaine a fait le choix de planter le décor uniquement aux États-Unis, car le rêve américain n’est plus tout à fait ce qu’il était. Roman dystopique, « Parcourir la terre disparue » navigue dans les temporalités et les lieux, principalement des plaines du Kansas à La Nouvelle-Orléans pour nous amener au projet « Étoile Rouge », la colonisation de la planète Mars. 

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L'amour maternel, collectif, recueil de nouvelles sous la direction de Caroline Vallat

« L’amour maternel » est un recueil de nouvelles porté par dix auteurs, qui chacun dans son genre a décidé de parler de cette émotion si particulière liée à la maternité. Ce n’est pas chose facile de décortiquer ce sentiment, encore moins de pouvoir s’autoriser à flirter avec « le politiquement incorrect », et pourtant, c’est la réalité des choses : « L’amour maternel » est aussi vaste, aussi différent, aussi singulier qu’il existe de mères. Il peut être doux et amer, tendre et cassant, bienveillant et toxique. « L’amour maternel » est puissant, ardent, dévastateur, l’une des émotions sans doute les moins contrôlables de l’espèce humaine. Il emporte tout sur son passage, le rationnel et le raisonnable pour ne laisser œuvrer que le viscéral. 

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Voici quelques « sorties littéraires de juin 2023 » qui me font de l’œil. Comme d’habitude, il s’agit de mes propres choix de lectures, il y a certainement d’autres titres qui pourraient vous intéresser, n’hésitez pas à consulter les sites des éditeurs, et les sites dédiés comme Booknode et Babelio. Personnellement, j’attends avec grande impatience : « Déguster le noir », 5e tome de la collection sur les 5 sens. Puis, j’ai hâte de découvrir le petit nouveau de Laurent Scalese «  À nos jours heureux » qui est un auteur que j’adore et qui se fait trop rare. Douglas Kennedy continue son étude des États-Unis désunis dans « Et c’est ainsi que nous vivrons ». Après le remarquable « Les hommes ont peur de la lumière », je suis très intriguée par cette nouvelle 4e de couverture. Enfin, « L’armée d’Edward » de Christophe Agnus avait été un énorme coup de cœur en 2022, je ne risque pas de rater le suivant « La liste de l’écrivain » ! Alors ? Ces « sorties littéraires de juin 2023 » vous tentent ?

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Conte de fées, Stephen King Sorties littéraires avril 2023

« Conte de fées » c’est d’abord l’histoire de Charlie Reade. Charlie a 17 ans et vit seul avec son père. Sa mère est décédée dans des circonstances tragiques. Cette perte conduit le père de Charlie à boire beaucoup. Beaucoup trop. Cet alcoolisme vient séparer le père et le fils, car Charlie doit non seulement prendre soin de lui-même, mais aussi de son père lorsqu’il est saoul. Cette période dure quelques années… C’est pourquoi, un soir, Charlie fait un pacte avec le ciel : si son père arrête de boire, il promet qu’il fera le bien en échange. « Si vous faites ça pour moi, qui que vous soyez, je ferais quelque chose pour vous. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer. Promis, juré. » C’est peu de temps après qu’il rencontre Monsieur Howard Bowditch et sa chienne Radar, un berger allemand. Le vieil homme vit seul dans une maison qui fait peur à tous les enfants du coin, car elle ressemble à celle de Psychose. Lorsqu’il tombe de son toit, c’est la chienne qui va alerter Charlie par ses aboiements. En appelant les secours, il promet de prendre soin de Radar et de venir régulièrement voir Bowditch à l’hôpital. Entre le vieil homme et le jeune homme se noue une relation hors du commun. 

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Mon mari de Maud Ventura Sortie collection Proche

Avec « Mon mari », rendez-vous au cœur d’un voyage d’une semaine dans lequel chaque jour comporte sa propre coloration. Lundi bleu, mardi noir, mercredi orange, jeudi jaune, vendredi vert, samedi rouge, dimanche blanc. À chaque jour suffit sa peine, à chaque jour son lot de pièges et d’embuscades, de représailles et de sanctions. Elle, dont nous ignorons le prénom, est mariée depuis plus de dix ans avec « Mon mari », dont le prénom est également inconnu. Sa vie ressemble à une pièce de théâtre perpétuelle où elle joue son rôle à la perfection, parfaitement rodée au planning de « Mon mari », ne laissant entrevoir d’elle que ce qui est digne d’être aperçu. Elle ressemble à ses enfants qui jouent sur des carrelages damiers : s’ils sautent sur les cases blanches tout va bien, s’ils tombent sur les noires « Mon mari » ne l’aime plus. «Je sais que nous passerons notre vie ensemble. Je suis la mère de ses deux enfants. Je ne peux rien espérer de mieux, et pourtant le manque que je ressens est immense et j’attends de lui qu’il le comble. Mais avec quelle maison, avec quel enfant, avec quel bijou, avec quelle déclaration, avec quel voyage, avec quel geste pourrait-il remplir ce qui est déjà plein?»

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La colère de S.A Cosby Paru chez Sonatine

« La colère » de S.A Cosby raconte la quête de vérité de deux pères après l’exécution de leurs fils Isiah et Derek mariés et pères d’une petite Arianna. Le père d’Isiah, Ike est noir et n’a jamais accepté l’homosexualité de son fils. Le père de Derek, Buddy Lee est blanc et n’a jamais accepté l’homosexualité de son fils. Après l’enterrement, il pleut des Razorblade Tears, littéralement des larmes de rasoir (titre original du roman) et une énorme culpabilité frappe les deux pères. Deux mois plus tard, lorsque la pierre tombale des défunts est vandalisée, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. « Et comme si ça ne suffisait pas, les vandales avaient ensuite inscrit par-dessus les noms leur point de vue sur l’homosexualité et les relations interraciales à la bombe vert fluo. Un nègre pédé. Un suceur de nègre pédé. » Ike et Buddy Lee se lancent à la recherche du ou des meurtriers de leurs fils. Malgré leurs différences, ils vont devoir apprendre à composer avec l’autre, se comprendre et s’apprivoiser. 

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Nous sommes les chasseurs de Jérémy Fel Rivages poche

«Je ne dis pas la vérité, je dis ce qui aurait dû être la vérité.» Voilà qui pourrait résumer le nouveau roman de Jérémy Fel. « Nous sommes les chasseurs » est une œuvre atypique, écrite par un auteur atypique, habité par des démons intérieurs, des fantômes et des esprits, louvoyant entre réalité et fiction, jouant avec l’espace-temps, s’aventurant dans de nombreux lieux grâce à moult personnages. Il part à la recherche des origines du Mal, ce qui fait souffrir et ce qui est réprouvé par la Morale, en décrypte les différentes sources en créant un arbre gigantesque, aux ramifications complexes, dont les racines s’entremêlent, se brouillent et s’obscurcissent. Durant les dix chapitres que forment « Nous sommes les chasseurs, Jérémy Fel  mélange fiction et réalité, insère l’un dans l’autre, utilise des faits divers qu’il tord à dessein, construit et déconstruit, s’autorise même des aller-retour “uchroniques”. Différents pays, différentes époques, différents personnages se séparent, puis fusionnent, laissant le lecteur à la fois circonspect et curieux. Dix chapitres, comme dix nouvelles, ayant chacun leur univers propre, une histoire à raconter, un évènement à éclaircir, une problématique à dénouer. 

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Une nuit particulière de Grégoire Delacourt Bilan lecture mai 2023

« Une nuit particulière », dernier roman de Grégoire Delacourt raconte la nuit où une femme est quittée. Aurore a 55 ans. Pendant qu’elle erre dans la nuit, elle se souvient de sa vie avec son mari Olivier. « Trente ans d’un regard sur moi qui me rendait belle. » L’occasion de faire le point sur les relations homme-femme, sur les premières fois, le désir vacillant qu’il faut savoir raviver, le temps qui est passé de la première seconde à la dernière minute « Trente ans à être incendiée. », et la douleur de la perte, « Je suis un champ de ruines. »

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Notre part de nuit de Mariana Enriquez. Version Audiolib lue par Féodor Atkine, Clara Brajtman et Françoise Cadol

Nous avons tous « Notre part de nuit ». Chez certains, cette partie est plus puissante que chez d’autres, plus opaque, noirceur plongée dans des ténèbres sépulcrales. Au cœur de l’Argentine, un père entraîne son fils dans une cavale pour des raisons obscures. Juan est né avec une grave malformation cardiaque. Il a déjà subi plusieurs opérations et cela depuis son plus jeune âge. Chacune semble le laisser plus affaibli. Son fils Gaspar, enfant au début du roman, pleure le décès de sa mère Rosario, écrasée par un bus. Celle-ci fut la première femme argentine à avoir obtenu un doctorat en anthropologie à Cambridge. Le couple formé par ces deux êtres est tout sauf singulier. Juan est « le Médium » d’une organisation appelée « L’Ordre » qui a pour but de nourrir « l’Obscurité ». Il est susceptible d’«(…) entendre le son des couleurs», il est «capable d’entendre pousser les plantes», il sait parler grâce à la méthode du pishogue, une forme de communication secrète. Plus dérangeant, il voit les morts. Gaspar les voit également… Ce « don » dont le père ne veut pas parler frappe également le fils. Le jeune âge de celui-ci permet à Juan de raconter des histoires, de tenter de l’embobiner, de dédramatiser. «Je te jure qu’ils ne peuvent rien te faire. Ce ne sont pas des hommes et des femmes, ce sont des échos.» Ce cerveau malléable peut encore croire à ce que lui dit son père, mais ses entrailles savent qu’il est « spécial ».

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Il faut beaucoup aimer les gens de Solène Bakowski Harper Collins poche

« Il faut beaucoup aimer les gens » de Solène Bakowski nous exhorte de ne pas détourner le regard devant la misère ou la souffrance. On a si facilement coutume de regarder ailleurs, ne pas voir, ne pas entendre, ne pas sentir. On avance. On évite de s’appesantir sur le dénuement. On résiste au pouvoir d’imaginer quelle fut la vie de celles et de ceux qui habitent sur nos trottoirs, sous nos ponts, près des bouches d’aération qui renvoient de la chaleur en hiver. On ignore. Par honte, par gêne, par refus d’images intrusives dans nos quotidiens bien huilés. Eddy, 10 ans, tombe sur une SDF morte dans la rue. Cette image le hantera durant vingt ans. Qu’a-t-il à se faire pardonner ? Pourquoi cette obsession à vouloir réparer ? Qu’espère-t-il trouver à travers cette quête : redonner un nom, reconstruire l’histoire personnelle de cette femme dont le visage l’obsède ? « Il faut beaucoup aimer les gens » pour leur redonner vie à une trajectoire… Eddy n’a pas eu une vie facile. Casanier, gêné dans ses rapports à l’autre, honteux de son passé, « inapte à l’existence », c’est son métier de veilleur de nuit et surtout une émission de radio « La nuit de Luciole » qui lui redonne le goût d’entreprendre, de réparer, de remonter le fil du passé. Il s’en passe des choses la nuit… c’est un tout autre monde qui ouvre ses portes. « Toi et moi allons additionner nos solitudes et traverser le pont jusqu’à l’aurore. » La nuit, c’est l’heure des confidences chuchotées, des aveux murmurés à des inconnus, et, parfois, des révélations. 

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La fin des hommes de Christina Sweeney-Baird Totem

« La fin des hommes » est-il un roman prophétique à l’imagination prémonitoire ? Christina Sweeney-Baird commence la rédaction de « La fin des hommes » en 2018, soit bien avant le début du COVID. Elle imagine un virus qui ne toucherait qu’une partie de la population. « Une souche de grippe particulièrement agressive apparue à Glasgow début novembre a touché des dizaines de milliers de personnes en Écosse. (…) Selon des rapports isolés, le virus grippal affecte exclusivement les hommes. » Les femmes sont asymptomatiques, certaines portent le virus et le transmettent à leurs fils, leurs époux, leurs pères, leurs collègues. Le récit commence par l’apparition de cette sorte de grippe, les premiers symptômes, les premiers morts et explore la lutte de l’humanité, les actions menées et les solutions mises en place. « La fin des hommes » dresse également un état des lieux d’un monde où seuls 10 % des hommes ont survécu et où tous les aspects de la société doivent être réinventés par les femmes. Roman choral, toutes les voix sont féminines, obligées de surmonter peine et douleur de la perte pour lutter ensemble et survivre. Enfin, la question « le monde irait-il mieux si les femmes étaient à sa tête ? » est largement développée, n’en déplaise aux féministes les plus acharnées, la réponse est loin d’être aussi évidente. 

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La faille de Franck Thilliez. Fleuve Editions

« La faille » de Franck Thilliez fait partie de sa série des aventures de son personnage récurrent Franck Sharko. Pour les fans absolus, cela fait un moment que les lecteurs connaissent la vie et les enquêtes de Sharko. Dans « La faille », il a une soixantaine d’années, beaucoup d’expérience, et il en a encore sous le pied. Il a vécu de sacrés drames, autant dans sa vie privée que vu des horreurs dans sa vie professionnelle. Il a perdu des gens qu’il aimait. Il est tombé au fond du trou, plusieurs fois. Il s’est relevé à chaque fois. Dans « La faille », c’est un Sharko au sommet de sa pugnacité que nous retrouvons. Le type de combativité qui outrepasse les ordres donnés, qui n’en fait qu’à sa tête, et qui met certains de ses collaborateurs dans des positions difficiles. 

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