« Tant que le café est encore chaud », raconte l’histoire d’un endroit singulier. Entrez sans crainte dans ce petit café tokyoïte appelé Funiculi Funicula, il s’y passe des choses bien mystérieuses. Au pays du thé, le café y est pourtant redoutablement bon, mais la plupart des clients n’y viennent pas uniquement pour le savourer. En effet, dans ce café, il est possible de retourner dans le passé. Mais attention, cela ne se fait pas sans règles. Il faut savoir que retourner dans le passé ne changera pas le présent ni le futur. En aucun cas. Et qu’il faudra revenir du passé « Tant que le café est encore chaud » et boire son café jusqu’à la dernière goutte, faute de quoi vous vous transformerez en spectre. Dans ce café, il y a une fidèle cliente, toujours vêtue de blanc. On l’appelle de fait la dame en blanc. Elle est toujours assise à la même place et pour retourner dans le passé, il faut attendre qu’elle la libère.
Quatre femmes vont vivre cette expérience extraordinaire, chacune pour des raisons différentes. Une amoureuse que son petit ami a quittée, une épouse qui veut renouer les liens avec son mari tombé gravement malade, une sœur qui a besoin de demander pardon, une maman qui cherche à rencontrer son enfant.
« Tant que le café est encore chaud » met en lumière des moments de vie et les émotions ressenties qui ont traversé ces moments. Ne vous attendez pas à l’expression de sentiments grandiloquents, la pudeur est ici toute japonaise. La délicatesse des émotions se situe dans la retenue, il faut savoir lire entre les lignes. Le lecteur, Philippe Spiteri l’a très bien compris : sobriété dans le phrasé, calme dans la diction. Il en ressort une sensation d’apaisement, de sérénité qui pénètre l’auditeur lentement. Les intermèdes musicaux n’y sont pas étrangers, de même que la petite clochette qui indique l’arrivée d’un nouveau client. Tout est doux, tranquille, même si les thématiques évoquées le sont beaucoup moins. S’il y a besoin de preuves pour démontrer que l’on peut aborder des sujets difficiles sans hurlements, et sans démesure, le roman en témoigne parfaitement. Les nombreuses répétitions finissent par s’apparenter à des mantras, pénètrent peu à peu nos esprits fatigués pour devenir des évidences. La version audio autorise une certaine spiritualité à s’installer en appuyant naturellement sur le bouton pause pour se laisser le temps de réfléchir. Dans notre monde où tout va à cent à l’heure et où nous effectuons plusieurs tâches en même temps, « Tant que le café est encore chaud » nous incite à prendre notre temps (à condition bien sûr de l’écouter à la vitesse normale et non en accéléré…).
Comme l’année dernière (voir lien concernant « Ce que nous confions au vent » lu par Clara Brajtman), j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire simplement à cause des noms des personnages. Ne pas les lire et seulement les écouter rend la chose un peu plus ardue à mémoriser. La voix de Philippe Spiteri a eu rapidement raison de mes craintes. Il prononce parfaitement bien les noms japonais, le débit qu’il utilise est approprié à l’atmosphère du roman (ce qui était fondamental pour moi ici). Sa voix est l’incarnation parfaite du temps qui passe et de la nécessité de profiter de l’instant afin de ne pas avoir de regrets, ce qui est le message principal du livre. On en viendrait presque à espérer que ce café existe vraiment… pas forcément pour remonter le passé ou plonger dans le futur, mais pour savourer la paix de l’endroit.
En lice pour le prix Audiolib 2023.
Ecoutez un extrait de “Tant que le café est encore chaud” sur le site Audiolib
2 réflexions sur “TANT QUE LE CAFÉ EST ENCORE CHAUD, Lu par Philippe Spiteri – Audiolib, paru le 11 mai 2022.”