Aude Bouquine

BLOG LITTÉRAIRE

Nous avons tous un seuil de tolérance plus ou moins élevé… à la souffrance, à la douleur, aux supplices, aux malheurs du destin, s’acharnant de façon continuelle et répétitive sur les mêmes êtres, avec la même constance. Nous avons tous notre seuil de tolérance sur les répétitions, le martelage, la redondance des phrases, des scènes et des messages. Je crois que mon seuil de tolérance a été atteint avec ce dernier opus de Karine Giebel, « Glen Affric ». Sept cent soixante pages d’un roman qui aurait largement pu, à mon sens, en faire 200 de moins pour arriver au même résultat, sans lasser ou énerver son lecteur. 

Il y a eu de l’usure devant les répétitions de situation, de l’agacement face à cet acharnement, toujours le même chez l’auteur, comme un chemin de croix qui revient encore et encore, une apathie des émotions parce que trop c’est trop. 

Malgré des personnages plutôt attachants (et c’est bien là le drame !), deux frères qui n’ont de frères que le nom puisqu’ils ne partagent pas le même sang, je regrette infiniment l’absence de prise de risque et le manque d’originalité. Tout se sait, tout se devine, jusqu’à cette fin, typique des romans de Giebel où le lecteur a envie de se faire sauter le caisson. On la préférera sans doute dans ce registre « plus lisse » en comparaison à « Ce que tu as fait de moi» qui avait tant fait polémique. Je la préfère sur la corde raide, mettant ses héros dans des situations ambiguës et ambivalentes, quand le monde, sous toile de fond reste une nuance de gris.

Je l’aime dans l’exercice de la nouvelle, quand elle va droit au but, emportant son lecteur dès les premiers mots. Je l’aime quand elle dérange, moins quand elle est aussi prévisible. 

D’aucuns diront que l’auteur revient ici à ses origines, « Meurtres pour rédemption » par exemple. C’est sans doute ce qui me gêne : cette dérangeante sensation d’avoir déjà lu cela, d’être à bout de souffle, et donc, de vouloir autre chose. Je ne reproche pas à Karine Giebel de faire du Karine Giebel, je me reproche à moi-même d’avoir pensé que le ciel s’éclaircirait, et peut-être, que les thématiques choisies susciteraient plus de nouvelles réflexions. Chez Karine Giebel, l’acharnement envers les plus faibles reste le fer de lance de ses ouvrages, c’est un choix que je respecte humainement, mais qu’il m’est difficile de supporter littérairement. Il y a là, sans doute, une part liée à la cruauté actuelle de notre monde… Faites-vous votre propre opinion. 

6 réflexions sur “GLEN AFFRIC, Karine Giebel – Plon, sortie le 4 novembre 2021.

  1. laplumedelulu dit :

    Je l’ai lu en quatre soirs. Mon avis va te faire hurler, mais moi, j’ai adoré. On sait très bien que Karine, ce n’est pas la petite maison dans la prairie, mais elle garde son écriture incisive et diaboliquement bien menée. Elle hypnotise le lecteur, comme elle sait si bien le faire, même si on devine plus ou moins la fin, j’ai trouvé ce livre magnifique, parce qu’il y a l’horreur certes, mais aussi son contraire.
    Léo et Jorge me manquent. J’y ai pensé hier toute la journée. Je voudrais voir Glen Affric. En vrai.
    Je t’embrasse très fort Aude, j’ai l’impression que tu en as besoin. ❤️😘

    1. Aude Bouquine dit :

      Je ne hurlerai pas ;-). Je respecte l’avis de chacun.

      1. laplumedelulu dit :

        Merci. C’est tout en ton honneur. 😘

  2. tomabooks dit :

    Outch, je viens de le commencer avec ce nouvel espoir. Je croise les doigts pour ne pas ressentir les mêmes sensations que toi..

    1. Aude Bouquine dit :

      Bonne lecture 📖, on en reparle quand tu as fini.

  3. Anonyme dit :

    J’oscille toujours avec laiteure ce dont des je t’aime moi non plus j’avais adoré son précédent je trouve que les nouvelles lui vont à merveille pour celui ci je verrai.

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