Venez prendre votre bouffée d’optimisme en lisant « Le souffleur de nuages ». Premier roman que je lis de Nadine Monfils et certainement pas le dernier. Franck est chauffeur de taxi. Sa vie est monotone, pour ne pas dire soporifique. Malgré les réminiscences des jolies phrases mantra de sa grand-mère « Deviens un souffleur de nuages et n’oublie jamais que la vie peut être belle. Mais il faut savoir la regarder », il est morose, désabusé par un monde où les êtres humains ressemblent à des robots déshumanisés. Il vient de perdre son chat, et cette perte accentue cette affreuse solitude. Encore plus que d’ordinaire, il angoisse à l’idée de rentrer chez lui. Travailler pour ne pas penser, c’est la seule chose qui puisse encore le faire avancer. Une cliente l’appelle pour une course. Elle habite à Paris dans le 13e arrondissement, mais veut se rendre à Enghien-les-Bains. Hélène est une « originale », elle quitte sa maison en laissant la porte grande ouverte, comme « une invitation à entrer et à se servir » pour aller retrouver le grand amour de sa vie. Elle n’a pas l’intention de revenir, elle court après un rêve, un dernier rêve à réaliser…
Par ces temps angoissés où rien ne se déroule comme escompté, voici un roman qui fait du bien à l’âme. La vieillesse y est décrite comme le commencement d’une nouvelle vie, nullement comme le début de la fin. Moi qui suis profondément angoissée par le temps qui passe, le changement d’époque, les outrages du temps sur le corps et l’esprit, qu’il est bon d’imaginer, et de lire que l’amour peut rester le centre d’une vie, que les souvenirs construisent un but, celui de le retrouver, malgré les vicissitudes de l’existence. « Maintenant je remercie le ciel d’avoir laissé cet amour intact dans mon cœur. À force de me rappeler chaque instant passé avec lui, je n’ai rien oublié. Aucun détail, aucun de ses regards et il me semble l’entendre murmurer des mots d’amour dans le creux de mon oreille. »
Cette rencontre improbable entre Franck et Hélène ouvre de nouvelles perspectives. Chacun guérit l’autre et l’aide à avancer. Je crois profondément au hasard des rencontres qui donnent du baume au cœur et sont le point de départ d’une nouvelle façon d’appréhender les choses. Cette intimité nouvelle met en lumière la douceur des choses et fait la part belle à la vie. « Il faut garder nos belles folies, nos ombres, nos ciels bleus et les orages de la chair. Pas ceux des mots qui détricotent les rêves et tuent l’amour des petits riens, des sans-abris du cœur. Regarder en haut. Toujours. » Embarqués dans ce roadtrip inopiné, l’un à la recherche de son amour de jeunesse, l’autre à la recherche de lui-même, ils écrivent ensemble une nouvelle histoire. « Elle l’avait ramené à l’essentiel, à ce qu’on finit par ne plus voir et qui est juste à côté de nous. »
« Le souffleur de nuages » a éclairé ces premières journées d’automne où la morosité apparaît en même temps que les frimas des petits matins quand il fait encore nuit, la baisse de luminosité, l’envie de se terrer dans son lit. Nadine Monfils a illuminé son roman de la bande-son de mon enfance avec « le métèque » et « aimer à perdre la raison » et depuis, je chantonne ces vieux tubes qui résonnaient dans la maison de mes grands-parents. Sa méthode est simple et applicable par tous, même si elle est souvent enterrée sous les aléas de la vie : « Semer un petit bonheur par jour fait de nous des jardiniers du cœur. »
Alors on danse, Nadine ?
Je remercie les éditions fleuve de leur confiance.
C’est quoi l’optimisme ? 😉
Je suis bien d’accord avec toi concernant les rencontres, rares, qui font avancer et donnent du baume au cœur
Notre quête est de le trouve ce fameux optimisme 😉
si tu le dis 😉
Merci pour cette belle critique qui donne envie de le lire. Bon week-end.