Aude Bouquine

Blog littéraire

Hier encore c’était l’été
Ils venaient d’avoir leurs bacs.
Ils étaient heureux, insouciants, prêts à jouir de la vie.

Hier encore c’était l’été
Ils sont amis, frères et soeurs ou cousins, ils ont grandi ensemble, leurs grands-parents sont les piliers de clans et scellent une cohésion familiale parfaite.
La maison de famille abrite les rires, les fêtes jusqu’à pas d’heure, l’alcool qui coule à flot, les soirs où on dine à minuit et où on rit aux éclats jusqu’au petit matin.

Hier encore c’était l’été
L’avenir n’offre que des promesses, sans inquiétude, sans anxiété, sans voir plus loin que simplement demain.

Hier encore c’était l’été
Et c’était bon de se sentir invincibles, jeunes et beaux, inconscients des difficultés que le vie apportera.

Hier encore c’était l’été
Les études sont finies, il faut amorcer sa carrière professionnelle, trouver le job qui apportera quelques satisfactions futures.
L’heure des premières amours qu’on croit éternelles,
Des déceptions qui font mal,
du souffle qui se coupe, du coeur qui bat trop fort, des disputes et des mots qui ne se rattrapent pas.
L’heure des engagements aussi,
L’heure du bilan des jeunes années, du berceau à aujourd’hui, des critiques d’une éducation reçue avec laquelle on prend de plus en plus de distance, la conscience des blessures d’enfance qui ne guérissent pas.

Hier encore c’était l’été
Et on n’évolue plus de la même manière
Certains s’envolent professionnellement,
D’autres galèrent.
Certains se mettent en couple,
D’autres se retrouvent seuls et isolés.
Certains poursuivent leurs rêves
D’autres sont poursuivis par eux.
Les écarts se creusent
les non-dits aussi.
Les personnalités changent et évoluent
Certains deviennent ce qu’ils ont toujours détesté : des donneurs de leçon

Hier encore c’était l’été
Et c’est l’heure des premiers décès de ceux qu’on croyait éternels,
de ceux qui font que l’enfance prend tout son sens,
de ceux qui blessent profondément parce que c’est un peu de Soi qui s’envole.
D’un futur qui s’écrit différemment de ce qu’on avait imaginé.

Julie de Lestrange parvient à faire ressurgir ce que nous avons tous vécu, des premières années de notre adolescence aux premiers pas professionnels. Par delà la sensation de devenir adulte, elle met en avant, et avec brio, la toute puissance des émotions, exacerbées, qui animent les jeunes adultes que nous avons tous été.
C’est lumineux
C’est touchant
C’est comme la Madeleine de Proust
On se retrouve plongés des années auparavant, quand nous étions jeunes, insouciants et tout puissants, animés de nos rêves, prêts à croquer la vie sans conscience aucune, des difficultés à venir.

Ce livre est un très joli moment, hors du temps, qu’on savoure lentement pour ne pas qu’il se termine trop vite, on le déguste, on en mesure les mots, et on se souvient ….

Le suivant, “DANSER ENCORE” (éditions Mazarine) sort le 4 octobre et j’attends avec grande impatience de pouvoir m’y replonger et de savourer ces destins inachevés.
Merci Julie pour ce joyau qui fait remonter à la surface de la conscience les souvenirs enfouis.

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