Ce livre sent l’Afrique, la terre rouge, le soleil brûlant
On y entend la nuit qui gronde, les chants des tribus, la chanson de Bakhita
On y devine les feux qui réchauffent, les liens qui resserrent, les émotions qui rapprochent, le sentiment de protection
Et puis, c’est le drame à Olgossa
La petite Bakhita est victime de razzia d’enfants, destinés à être vendus, comme esclave de toute sorte
La nuit effraie
Les tribus deviennent des hommes inconnus à la violence inouïe, jamais avares de nouvelles cruautés
De la mère, il ne reste bientôt que le souvenir
La chanson de Bakhita se perd au fond de sa mémoire, au fil du temps
Le feu devient fumée de village que l’on brûle
Le sentiment de peur remplace celui de protection
Jusqu’à son prénom elle oubliera
Jusqu’au nom de son village elle effacera
Mais ce qu’elle fût enfant, elle gardera au fond de son coeur, même après l’esclavage, la violence, le marquage. Les épreuves feront d’elle ce qu’elle sera jusqu’à la fin de sa vie : une personne d’une très grande bonté, dotée d’une incroyable compassion, de pardon, de force, et d’une certaine aptitude au bonheur, malgré tout, parce que le bonheur au fond c’est apprendre à vivre avec ce que l’on a.
Véronique Olmi, je ne vous connaissais pas ! Je vous ai découverte cet été justement dans “cet été là “, un été où les secrets les plus profonds, les rancoeurs, les vérités se mélangent et j’ai adoré votre style, touchant, fin, détaillant chaque émotion avec justesse.
Bakhita, c’est l’expression d’une justesse parfaite dans l’écriture, le pouvoir de l’écrivain à communiquer chaque émotion, la faculté pour chacun de devenir Bakhita.
J’ai été Bakhita pendant quelques jours, souffert avec elle, grandi avec elle, j’ai eu peur, faim, soif, je sentais mauvais, j’ai été tatouée de force…
J’ai appris que des plus grandes souffrances nait quelque chose de plus fort, de plus grand, de plus intense que la haine : l’Humanité
Ca sent le Goncourt Madame, ça sent le Goncourt !!