Le 1er août 2013, un drame se joue en pleine campagne. Juliette et François se font face, armés. Près d’eux, une inspectrice de police, et leur fils Julien tentent de désamorcer le conflit incompréhensible qui les oppose. En vain. La police retrouvera leurs deux corps carbonisés dans une maison en flamme, Julien gravement blessé et l’inspectrice touchée à l’épaule. Que s’est-il passé ? Les enquêteurs ont 4 heures pour y voir clair, 4 heures pour interroger Mireille, mère de François, et Amandine Binger inspectrice. Drame familial ? Vengeance ? Meurtre ? Toutes les hypothèses sont ouvertes…
Je trouve que ce n’est pas chose aisée de chroniquer un roman édité chez Taurnada, car ils sont généralement assez courts et j’ai toujours très peur de révéler trop de choses, donc je vais prendre mille précautions pour vous en parler. Simplement, il faut noter que la ligne éditoriale de cette maison d’édition est non seulement originale, mais aussi culottée. Je suis toujours agréablement surprise de découvrir les romans qui sont proposés et jusqu’à maintenant, je trouve qu’il y a un énorme travail sur les constructions et les fins de romans, mais aussi et surtout l’originalité des intrigues. Je sais, c’est bizarre de commencer une chronique en parlant de la fin, mais dans ce cas précis, comme dans le dernier roman de Gaëlle Perrin-Guillet, la fin vous saute au visage et clôture le roman par un feu d’artifice.
Quelle excellente construction de roman ! Le lecteur navigue entre deux salles d’interrogatoire et devient le témoin privilégié de retours dans le passé pour découvrir les événements qui ont jalonné la vie de Juliette et de François et pourraient expliquer comment on en est arrivé là. Ainsi, nous les retrouvons en juillet 2005, au moment des 40 ans de François, là où les choses ont commencé à dérailler. Les événements sont très bien datés, ce qui permet au lecteur de suivre parfaitement le fil.
Le suspense est impeccablement bien distillé dans ce récit et Xavier Massé tient son intrigue de main de maître. Plus le lecteur avance, plus il est perdu. Les interrogatoires permettent de mêler passé et présent sans toutefois éclaircir le mystère. Bien au contraire ! Même le lecteur de thriller le plus averti ne peut reconstituer ce puzzle complexe : après tout, il n’est que témoin des dires des deux survivants et ne peut se forger son opinion que grâce à cela. La tension monte crescendo, l’incompréhension l’accompagne, le brouillard se fait de plus en plus dense… Le lecteur devient enquêteur, et dans l’impossibilité de résoudre cette équation qui n’a pas de sens.
J’entends déjà les critiques à venir sur la crédibilité de l’intrigue, quand à la fin, on va de révélation en révélation et que chacune vous laisse pantois. Est-ce que j’y ai cru ? Oui. Est-ce que j’ai trouvé le récit plausible : Oui. Est-ce que j’ai trouvé que Xavier Massé en avait trop fait ? Non. Même dans un roman aussi court, je trouve qu’il a si bien brossé la psychologie de ses personnages principaux que le dénouement devient complètement vraisemblable. L’idée de départ, créer un accident de la vie ancre le récit dans le réel et chacun peut alors s’identifier aux difficultés du couple. Ce que l’on ne voit pas venir c’est ce qui se passe dans l’intimité de ces couples, que ce soit celui de Juliette et François ou celui de Caroline et Stéphane.
J’ai littéralement dévoré ce roman en quelques heures quand j’étais partie pour n’en lire que quelques pages histoire de découvrir la plume de l’auteur. Quand d’habitude je me laisse porter par le récit, j’ai chaussé ma casquette de flic pour tenter de démêler les faits et les fausses pistes. Force est de constater que c’était mission impossible et je défie quiconque d’avoir été en mesure de prédire la fin. C’est du très bon thriller psychologique, très bien mené, original, dense. Précipitez-vous !
Et n’oubliez pas : « Dans la vie, on peut être qui on veut. »
Je remercie Joël des éditions Taurnada de penser à ceux qui vivent loin…
Une belle surprise ce bouquin, Taurnada n’en finit pas de me surprendre.