Aude Bouquine

BLOG LITTÉRAIRE

Rose Rivières est assassinée en plein spectacle de Noël dans une foule de plus de cinq cents personnes, dans l’indifférence générale. Aucun témoin, pas d’indice, seulement une forêt de parapluie. Seule une photographie prise par le journal local a immortalisé les mains du meurtrier. Un coupable est rapidement mis sous les verrous. De couleur noire, il est le suspect idéal. Son avocate, très jeune dans le métier, ne croit pas du tout à sa culpabilité. Elle va se battre avec force et détermination pour que justice soit faite et que le véritable responsable soit mis sous les verrous.

« Sous le parapluie d’Adélaïde » est le huitième roman de Romain Puértolas. J’en ai trois dans ma bibliothèque que j’avais envisagé de lire durant l’été… et puis, le temps est passé sans que j’y touche. J’avais lu de très bonnes chroniques de « La police des fleurs, des arbres et des forêts», certains ont même défié l’auteur en dessinant des schémas pour trouver le coupable, quand Romain affirmait que c’était chose impossible. C’est dire à quel point j’étais curieuse de plonger dans celui-ci pour tester mes capacités d’enquêtrice en chef. 

Oubliez ce que vous appelez génériquement le polar. Ce que vous lirez ici est totalement différent d’un polar classique. Le premier adjectif qui m’est venu en tête en refermant le roman est « frais ». C’est un roman policier frais. Pas de scènes sanglantes, pas de meurtres effroyables, pas de cœur au bord des lèvres. Un style positivement « old-fashioned » (j’utilise ce mot anglais parce qu’il n’a pas la connotation négative de l’adjectif « vieillot »), où l’on imaginerait un vieux monsieur à pipe et à chapeau haut de forme mener l’enquête. Il n’a pas été jusque là puisque son héros est une femme, elle n’est pas flic, mais avocate. Au début du roman, le lecteur ne sait pas précisément à quelle époque se déroule l’histoire. Cette incertitude aiguise son appétit pour partir à la chasse aux indices… sans assurance qu’il les trouve réellement.

 Son style est facile d’accès, mais précis, les mots employés sont soignés et j’ai redécouvert les temps du subjonctif employés à bon escient sans que cela ne confère au récit un côté pompeux et ronflant que je déteste. 

Si ce roman policier est frais, il n’est pas dénué de fond. Frais ne veut pas dire superficiel, l’auteur en explique la genèse dans ses remerciements. Une thématique très précise est développée ici sur laquelle j’aurais beaucoup à dire, mais ce serait vraiment dommage de vous gâcher votre lecture en vous dévoilant où l’auteur va vous emmener. Il faudra lire le livre pour le savoir…

Ce roman est un gigantesque puzzle où toutes les pièces sont devant vous. Sauf que, vous ne savez pas les voir. Je n’ai pas su les voir. Je pourrais relire le récit en entourant tout ce que j’avais sous le nez sans y attacher l’importance que j’aurai dû y prêter. Le jeu de piste débute dès les premières pages et je vous assure que tous les éléments qui pourraient vous aider à résoudre cette enquête sont là, sous vos yeux. Comme un magicien, Romain Puértolas prépare ses tours, en utilisant un mot plutôt qu’un autre, essayant d’attiser votre sens de l’observation. Mais même doté d’une tenue de camouflage, évitant les regards du maître du jeu, vous parviendrez difficilement à deviner la fin. Je trouve toujours ce moment de la fin très compliqué à gérer. On ne va pas se mentir : elles sont souvent très convenues. Il est d’ailleurs très rare que je m’en souvienne, préférant nettement le chemin proposé par l’auteur pour y accéder plus intéressant que la fin elle-même. Puisqu’on m’avait vanté les dons de Romain sur le sujet, je l’attendais au tournant. Et vous savez quoi ? J’ai éclaté de rire. La fin n’est pas seulement une réussite, elle est stupéfiante, voire ahurissante. Un coup de maître. 

Si j’étais vous, j’aurais la curiosité d’aller voir.

Je remercie les éditions Albin Michel de leur confiance.

6 réflexions sur “SOUS LE PARAPLUIE D’ADÉLAÏDE, Romain Puértolas – Albin Michel, sortie le 30 septembre 2020.

  1. martinemartin85 dit :

    je vais le lire car j’ai adoré son précédent roman la police des fleurs des arbres et des forêts. Merci pour cette critique.

    1. Aude Bouquine dit :

      Bonne future lecture! C’est très agréable, vous verrez 😉

  2. Yvan dit :

    Il est très fort le Puértolas, et dire que la fin du précédent est encore plus dingue ;-).
    Mais tu as raison, c’est la cerise sur le gâteau et pas le seul fait intéressant du livre

    1. Aude Bouquine dit :

      Il faut que je lise le précédent absolument !! Mais oui, je suis tombée de ma chaise à la fin 😉

  3. Sandrine V. dit :

    C’est marrant, de cet auteur je n’avais lu que Le fakir….et celui où il y à Napoléon, j’avais bien aimé mais j’ai arrêté de m’intéresser à ses romans sans que je ne m’en explique la raison autrement que par le foisonnement de romans qui sortent et qui font que certains passent à la trappe. Ton article m’a donné envie de renouer avec cet auteur, j’aime bien le petit côté old-fashionned comme tu dis, moi je dis “désuet” de certains romans policiers donc je vais le rajouter sur ma wish list 😊

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