Aude Bouquine

Blog littéraire

Tant que nous sommes vivants de Anne-Laure Bondoux

« Tant que nous sommes vivants » s’apparente à un conte où les personnages viennent nous chuchoter à l’oreille des leçons tirées de leurs existences tout en nous racontant une histoire qui fait rêver. Parce qu’elle parle d’amour. Parce qu’elle parle de la vie. Certains contes peuvent raconter le merveilleux en n’omettant pas les complexes réalités de l’existence.

Bo et Hama se rencontrent à l’usine d’armement. L’un travaille le jour, l’autre la nuit. Un seul regard au cœur d’une vie de labeur pour une cause qui n’est pas la leur « Mais cela suffit à nous rappeler une chose essentielle : le feu qui brûlait dans le ventre de nos fourneaux brûlait encore dans nos veines. Contrairement à ce que nous croyions, nous n’étions pas morts. » D’instants volés aux dimanches libérés, entre promenades et moments passés au cabaret « Le castor blagueur » réouvert pour pallier un quotidien bien difficile, Bo et Hama s’apprivoisent, s’aiment et défient le temps. Jusqu’à ce terrible accident qui les obligera à quitter la ville, puisque Bo, l’étranger, le dernier arrivé, suscite une réelle méfiance : « Je n’ai rien contre Bo (…). Mais il faut reconnaître que depuis qu’il est là, plus rien ne se passe normalement. »

Au gré de leurs pérégrinations, Bo et Hama sont recueillis dans un village un peu étrange, peuplé d’êtres encore plus étranges. Ce sera le début d’une vie entre le Haut et le Bas, entre hauts et bas où chacun devra tirer ses propres leçons pour affronter l’avenir. Car, dans « Tant que nous sommes vivants », il est question de trouver sa place dans le monde, parmi les vivants. Il est aussi question de trouver sa place dans le couple et la famille, d’interroger le passé pour entrapercevoir le futur avec sérénité. « Quand tu ne sais pas où aller, retourne d’où tu viens. » Qui sont réellement Bo et Hama, d’où viennent-ils ? Selon quel numéro de voltige ont-ils pu s’aimer à travers les années ? 

Qui est le mystérieux narrateur de « Tant que nous sommes vivants » ? Qui est celui qui retourne sur des traces effacées pour comprendre dans un silence énigmatique comment deux êtres ont navigué contre vents et marées sur les flots tumultueux de l’existence ? Au gré des indices minuscules retrouvés sur le chemin, le narrateur retrace l’histoire de Bo et Hama et trace sa propre route. Chaque chapitre porte le titre de deux opposés, pour démontrer s’il le fallait, que la vie est une succession de zones de gris, jamais toute noire, ni toute blanche. « Le bruit et le silence… l’ombre et la lumière… L’amour et la haine… L’un révèle l’autre ! », la perte et le gain, la présence et l’absence…

Anne-Laure Bondoux livre un roman tout en nuances, où adultes et jeunes adultes peuvent trouver quelques clés pour s’enrichir. Pas de révélations extraordinaires dans ce conte philosophique, mais la nécessité de transmettre des choses simples et vraies à méditer. « Tant que nous sommes vivants » est le genre de livre qu’il est bon de savourer lorsqu’on se pose mille questions sur le sens de sa vie, qu’on peine à trouver sa place ou que l’on a des doutes sur le chemin emprunté. En un sens, il permet à l’égaré de retrouver sa route et aux âmes fatiguées de prendre un nouveau souffle. 

« Accepte d’être celui que tu es. », si évident et pourtant si complexe à appliquer au quotidien. 

« Tu crois qu’il faut toujours perdre une part de soi pour que la vie continue? » Parfois, c’est sans doute nécessaire.

« Sans le savoir, nous sommes souvent les artisans de nos propres échecs. » À peu près tous les jours !

Ce beau voyage en quatre parties, teinté d’une touche de fantastique est propice à la rêverie, mais conscience éveillée, chakras ouverts. Une très jolie expédition au cœur de la nature humaine où l’on se dit la vérité.   « Ne pense pas après, lui recommandait Quatre. Il faut accepter de ne pas savoir. Demain n’existe pas. Pense uniquement à maintenant. » Pense uniquement à maintenant…

Nous traverserons des orages, Anne-Laure Bondoux

Lien vers les éditions Gallimard Jeunesse

6 réflexions sur “Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux

  1. Yvan dit :

    Quand il y a une touche d’imaginaire, ça titille ma curiosité 😉

  2. Aude Bouquine dit :

    C’est très très bien fait, même si ce n’est pas de l’imaginaire au sens strict du terme 😉

  3. Yvan dit :

    l’imaginaire a de multiples formes 🙂

  4. Encore un livre d’Anne-Laure Bondoux qu’il me faut découvrir !

  5. laplumedelulu dit :

    Tu ne peux pas de temps en temps, faire une chronique négative de A jusqu’à Z ? Ma whislist est sous respirateur artificiel 😅
    Merci à toi pour la chronique 🙏 😘

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