Aude Bouquine

Blog littéraire

Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur ce livre, certaines que j’ai lues, d’autres pas.
Je m’excuse par avance pour les répétions, s’il devait y en avoir.
Je ne vous fais pas de résumé, pour ça il y a google, et puis à trop résumer, on révèle trop de choses que personnellement je n’aurai pas aimé savoir.

Que peut-on dire sur le dernier Giebel ?

Chaque page est un coup de poing dans la gueule !
Chaque page a réveillé en moi la révolte, le sentiment d’injustice, la haine, le violence devant l’horreur dont l’Homme est capable.
Le meilleur et le pire. Karine Giebel a choisi de mettre en exergue le pire.
Le pire, pas seulement de l’Homme avec un grand H, mais aussi de la femme avec un grand F, car dans ce livre, une femme en particulier est une tortionnaire de la pire espèce.
Intéressant je trouve d’avoir choisi cette voie, de n’avoir pas réduit la femme à un petit être toujours fragile, toujours faible, toujours en attente de secours.
Certaines femmes peuvent être bien pires que certains hommes et Karine Giebel se fait un plaisir de nous en dresser quelques portraits vraiment très réussis et criants de réalisme.

Ce livre est aussi une dénonciation de l’esclavage moderne, triste réalité, pas seulement dans les pavillons bourgeois mais aussi dans les HLM de misère. La misère appelle la misère.
Le manque de compassion envers les autres, la volonté d’avoir le dessus, la nécessité de quelques sous gagnés sur le dos des autres dressent le portrait d’une société qui fait frémir de par la noirceur de son âme profonde.

J’ai aimé la mise en lumière du schéma familial que l’on essaye de ne pas reproduire.
Quand on a été un enfant battu, il est extrêmement difficile de choisir une autre vie sans fatalement reproduire la violence vécue. Izri est un exemple parfait de cette difficulté là.
Ses bas instincts dus à son vécu familial reviennent souvent le tarauder et il doit redoubler d’efforts, prendre sur lui, se souvenir de son tortionnaire de père pour ne pas tomber dans le piège d’une violence tripale et quasi génétique.

J’ai aimé les juxtapositions de ces deux histoires d’homme, celle d’Izri et celle de Gabriel : l’un a été témoin des violences que sa propre mère à fait subir aux autres et mis un temps que j’ai trouvé infini à réagir, quand l’autre oeuvre chaque jour pour punir ceux qui ne sont pas intervenus, n’ont pas réagis devant une injustice ni bougé devant un crime.

J’ai aimé le personnage de Tama, son courage, sa résilience, sa volonté de chercher l’humanité dans ses tortionnaires, sa compassion, sa révolte, son abnégation, son envie de mourir, puis celle de vivre, son amour démesuré pour Izri tantôt son amant, tantôt son bourreau.

Karine Giebel n’accorde que peu de répit à ses personnages.
Quelques secondes parfois,
Quelques moments volés à la brutalité de la vie,
Quelques respirations pour avoir le temps de se relever,
Quelques gestes tendres pour soigner les blessures marquées au fer rouge.
Quelques rayons de soleil au milieu d’une avalanche d’horreurs, de sévices, plus pervers les uns que les autres, chaque fois plus démentiels, plus inhumains, plus retors.
Les « méchants » de ce livre sont de vrais méchants. Mejda par exemple donne au lecteur des envies de meurtre, sa cruauté est sans limite et si sauter dans un livre était une réalité, elle serait morte dans d’atroces souffrances des centaines de fois.

La violence  physique et les descriptions des sévices encourus sont absolument intolérables : le lecteur a lui aussi mal dans sa chair, à chaque gifle, à chaque coup de poing, à chaque viol et espère que tout finira par s’arrêter sauf que…Karine Giebel choisit souvent un chemin différent. Elle torture à loisir son lecteur !
La violence psychologique est tout aussi terrible, encore plus compliquée à encaisser que les coups. Elle détruit Tama de l’intérieur, la déshumanise aux yeux des autres, lui enlève toute existence.

Et cette phrase bouleversante qui m’a happée, qui me taraude, qui me déchire le bide :
« Depuis que je suis né, j’attends qu’on m’aime… »

Maintenant, c’est à vous de décider…
Aurez-vous le courage d’encaisser les 736 pages  de ce livre sans qu’il ne vous arrache les entrailles, des sanglots, vous donne des relents de violence , des désirs de vengeance, des envies de meurtres, sans qu’il ne hante vos nuits ?
C’est un excellent Giebel
C’est un émouvant Giebel
C’est un terrifiant Giebel
C’est surtout un tristement réaliste Giebel
Le reflet du monde pourri dans lequel nous vivons …  de la bestialité des hommes, de leurs actes insupportables, de leur volonté de pouvoir…Pas vraiment de quoi être fiers de nous …

Une réflexion sur “TOUTES BLESSENT LA DERNIERE TUE, Karine Giebel – Belfond

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