Aude Bouquine

BLOG LITTÉRAIRE

“L’appel du néant” est le 3ème volet d’une série de plusieurs thrillers, la suite de “La conjuration primitive” et de “La patience du diable”. On y retrouve un personnage principal  récurrent : Ludivine Vancker.

De quoi ça parle ?:
Ludivine Vancker et ses collègues gendarmes traquent un tueur qui ne laisse aucune trace permettant son identification : il agit comme un fantôme.
Le roman s’ouvre par une séquestration. On navigue sur plusieurs chapitres entre l’avancée de l’enquête (la découverte d’un cadavre sur une voie ferrée) et la séquestration d’une femme (dont je ne révèlerai pas l’identité pour ne pas spoiler)
La DGSI, avec à sa tête Marc Tallec prend part à l’enquête pour la résoudre au plus vite.

La 1ère partie du thriller est une vraie réussite, absolument fidèle au style Chattamien : ça commence fort, c’est haletant et ça avance à 200 km/h. C’est précis et efficace.
J’ai retrouvé la force de Chattam : ne plus pouvoir lâcher le bouquin.
C’est globalement très bien documenté, on perçoit vraiment le travail d’enquête en amont avec les forces de gendarmerie, la connaissance des techniques d’investigations et les progrès scientifiques à venir.
Le suspense est vraiment omniprésent dans cette partie.
J’ajoute que le fait que ça colle à l’actualité m’a beaucoup plue : on a l’impression de se retrouver dans une série genre “Le bureau des légendes”, avec des thèmes très actuels comme la montée du terrorisme, le radicalisme, etc… Il y a un gros travail sur la connaissance des conflits qui agitent notre monde qui apporte au récit un vrai souci de réalisme, et donc un réelle possibilité d’identification.

Je serai plus mesurée sur la seconde partie malheureusement.
D’abord, à mon sens, il y a beaucoup de longueurs, principalement dues à une sorte de volonté d’éducation des masses de l’auteur. Utile ou inutile ? Ce n’est pas à moi d’en juger mais cela rend le récit lourd et parfois un peu pédant.
Par exemple sur la différence entre islamisme et islamique
Ne confonds pas “islamique” et “islamiste”. Le premier caractérise tout ce qui vient de la civilisation de l’Islam, l’art islamique par exemple, tandis que le second s’applique à tout ce qui relève du radicalisme religieux. L’un est cool, l’autre plutôt flippant. Enfin l’islamisme désigne la montée en puissance s’un islam fondamentaliste 
ou sur le fonctionnement et les différences entre AL-Qaida et Daech
On frôle “l’abrégé du terrorisme pour les nuls ”

Cependant, on observe une mise en exergue des préoccupations personnelles de l’auteur
C’est un thriller plus engagé mais aussi plus citoyen.
Dans plusieurs décennies, les livres d’histoire enseigneront que la troisième guerre mondiale a débuté le 11 septembre 2001(…)Nous vivons dans un état de siège permanent, mais nous nous y habituons. L’amée patrouille dans nos rues, nos gares, surveille nos écoles; nous sommes fouillés dès que nous voulons nous rassembler quelque part, mais c’est devenu presque normal à nos yeux. (…) Au début, la peur était là, bien viscérale, pour la plupart d’entre nous, puis nous nous sommes adaptés, exactement comme des gens en état de guerre.
Prenez le temps de lire la postface : elle apporte quelques éclairages.

Que penser de ce dernier opus finalement ?
L’écriture de Maxime Chattam a évolué avec le temps, elle s’est vraiment épaissie depuis “l’âme du mal”. Les thèmes abordés sont différents, les problématiques plus citoyennes, les connaissances techniques d’investigations plus pointues.
Peut-être faut-il simplement accepter de ne pas toujours pouvoir mettre un auteur dans une case précise, noyé par nos attentes, qui au final sont toujours les mêmes quand son  nom est prononcé. Nombreux sont ceux qui m’ont étonnée cette année par un virage à 180 degrés par rapport à ce qu’ils écrivent habituellement.
Il faut pouvoir se poser la question: qu’est ce qui me dérange? Qu’est-ce que je n’ai pas aimé?
Dans la seconde partie, j’ai eu l’impression de me retrouver face à un prof histoire des religions ou d’un commandant de l’anti-terrorisme qui interviendrait dans une classe de collège. Ca m’a enlevé le plaisir de la lecture et je ne voyais plus que ça : une relation élève-professeur bien pénible…..
Je préfère rester sur les belles sensations procurées par la première partie.

 

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