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JEU DE DAMES, Nicolas Druart – Les Nouveaux Auteurs, sortie le 17 octobre 2019.

Toulouse, la ville rose… Au sortir du périphérique, une joggeuse est abattue de sang froid.   Trois témoins : Ludovic, Ousmane et Claire. Trois témoins qui choisissent de prendre la fuite. Le lendemain, aucune mention du meurtre dans la presse, ni à la radio. Mais chacun reçoit un SMS émanant d’un numéro inconnu disant « je sais ce que vous avez vu ». La tension monte dans une ville déjà fortement marquée par cet étrange tueur surnommé Baba-Yaga ayant déjà plusieurs victimes à son actif. Un étrange jeu de piste commence alors, mettant en lumière des personnalités pas aussi irréprochables que ça. Un seul but : rester en vie.

Parfois, il suffit d’un rien pour choisir un livre : un pitch, une couverture, juste quelques mots. Et comme vous connaissez maintenant ma théorie du livre qui tombe entre vos mains à point nommé, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que lorsque Nicolas Druart m’a proposée de m’envoyer son livre, j’ai tout de suite dit oui, puisqu’il était déjà dans ma liste des romans à découvrir. IL n’en reste pas moins que lorsqu’un auteur vous propose de lire son roman parce qu’il veut avoir un avis sincère, cela reste très gratifiant. Alors, à l’heure où parfois, le doute pointe le bout de son nez, la vie vous envoie un petit signe. Donc merci, Nicolas, pour ta confiance.

Pour entrer au cœur du sujet, j’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur a construit son intrigue qui repose sur les vicissitudes de 3 personnages et avance ses pions lentement. Il prend le temps d’installer ses personnages centraux en faisant du lecteur le témoin de leurs vies. Ainsi Ludovic, brillant trader, homme de toutes les réussites cache une personnalité plus sombre et plus perverse sous son costume bien coupé. Ousmane ne lui ressemble en rien : banlieusard, livreur de sushis, paumé. Quant à Claire, ambulancière de métier, elle possède aussi d’autres dons lui permettant d’arrondir ses fins de mois. Trois personnages qui n’ont rien en commun se retrouvent au même endroit par hasard et malchance, et dont les destins se trouvent irrémédiablement liés. Pourtant, le récit n’est pas linéaire. Nicolas Druart a eu la bonne idée d’insérer des chapitres concernant l’interrogatoire de Sandrine Pujol, commandant au SRPJ de Toulouse. Sept ans passés dans cette fonction, états de service irréprochables et pourtant, ceux qui l’interrogent ne sont pas tendres, à la limite du harcèlement même. Autant dire que l’on sent immédiatement que quelque chose a « merdé » dans cette histoire.

Je prends toujours avec beaucoup de méfiance les récits qui débutent en présentant de front plusieurs personnages : peur qu’une histoire prenne le pas sur l’autre et crainte de me mélanger les pinceaux. Aucune angoisse à avoir ici puisque l’auteur crée des personnages très différents, suffisamment opposés et contrastés pour que les différents récits soient clairs. Si le roman est construit sur des personnages forts, assez charismatiques, l’intrigue n’est pas pour autant négligée, loin de là. Elle est menée tambour battant et le suspense monte crescendo, mais en vous accrochant dès les premières pages. Cette enquête est bien plus complexe qu’il y paraît et rien n’est laissé au hasard. Il n’y a pas de remplissage, de digressions inutiles, de détails collés là pour faire joli. Difficile de vous en parler avec plus de détails sans en dévoiler trop, mais une fois ouvert, il est assez difficile à lâcher.

Ludovic, Ousmane et Claire sont très différents. L’empathie ressentie par le lecteur pour l’un ou l’autre varie. Nicolas Druart réussit le tour de force de nous les faire aimer voire plaindre, puis, par l’arrivée de certaines révélations, à nous les faire détester. Une façon de démontrer que l’apparence des gens que nous côtoyons n’est pas toujours conforme à la manière dont nous les percevons. Une énorme partie de l’angoisse qui monte crescendo vient de là.

Assurément, il y a chez Nicolas Druart une patte très personnelle qui laisse présager un bel avenir dans le milieu du noir. Si j’étais maîtresse d’école, j’écrirais « poursuivez vos efforts, vous tenez le bon bout ! »

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