Aude Bouquine

Blog littéraire

Il n’est jamais aisé pour un auteur de passer entre les mains d’un lecteur qui a adoré sa lecture précédente. Ce fut mon cas avant d’attaquer « Lectio Letalis ». Je venais de terminer un livre qui a provoqué un énorme coup de foudre, le premier de l’année dont je ne suis pas prête de me remettre.

C’est donc un peu fébrile que j’attaque ce roman demandé sur Netgalley parce que j’en avais entendu parler par Barbara Abel et que la couverture, il faut le souligner, est magnifique !! Quel bon choix de la part de Belfond pour attirer l’oeil du lecteur sachant que le titre est tout à fait mystérieux et ne renvoie à rien dans mon imaginaire personnel !

Nous sommes à Paris en 2013. Alexandre vient d’être engagé comme assistant d’édition chez Paul Gerber Editions. Enfin, le job de ses rêves à portée de main. Sans perdre une seule seconde, il entame la lecture d’un manuscrit, un thriller ésotérique. Quelques heures plus tard, il s’ouvrira les veines. C’est le troisième assistant d’édition à se donner la mort après avoir tenté de lire ce roman. À Bordeaux, le lieutenant Gabriel Barras découvre le corps supplicié d’un psychiatre tué par un rapace. Un nom revient dans les deux affaires, celui d’Anna Jeanson. Pourquoi ? Quel rôle peut-elle bien jouer dans ces deux affaires ? Il apparaît très vite qu’elle est la seule survivante d’un suicide collectif d’une secte très puissante aux multiples ramifications.

Vous admettrez que le pitch est plutôt alléchant et suscite un certain engouement, pour ne pas dire une grande curiosité ! C’est globalement très éloigné de ce que je lis habituellement puisque je suis plongée très rapidement dans les arcanes d’un mouvement sectaire, « Un pouvoir capable de contrôler tous les pouvoirs ».

D’abord petit focus sur les personnages. Gabriel est un flic, ancien SDF. On ne vous l’avez pas encore faite cette là non ? En termes de crédibilité, ça peut poser des difficultés à certains lecteurs exigeants. Le parcours est bien expliqué, chez moi c’est passé. Ce qui fait le charme de ce personnage ? Les traumatismes de sa vie d’avant qui conduisent toute sa vie de flic, et surtout, son intérêt pour les enquêtes qui touchent aux sectes. Anna est un personnage atypique, vous comprendrez assez vite pourquoi. Ce personnage – réceptacle donne beaucoup de corps à l’histoire. Enfin, le duo improbable que ces deux-là vont former donne au scénario des airs de film d’action.

Tout l’intérêt de ce roman réside dans l’originalité des instruments qui provoquent la mort : un livre et un rapace. Pour ce qui est du livre, j’aime assez l’idée qu’une lecture puisse modifier entièrement votre vie, alors y mettre fin c’est encore mieux. Avouez que c’est mettre dans l’objet un pouvoir particulier qui le rend encore plus fascinant : au-delà de la transmission d’un savoir, il devient une arme, comme si les mots devenaient vivants. Si je vous dis que durant la lecture de ce livre j’entendais le cri des rapaces survolant ma maison, vous n’allez pas me croire. Et pourtant si… Dans les montagnes de Californie, nous avons de nombreux rapaces dont je ne connais pas l’espèce précisément, qui tournent au-dessus de nos têtes à la recherche de proies. Je consens à dire qu’ils sont accompagnés de cris de corbeaux qui croaillent et que tout ce petit ensemble rend la vie parfois très hitchcockienne. On va dire que tout cela a créé une ambiance plutôt bénéfique pour la lecture de ce roman au titre assez mystérieux.

Je me suis donc prise au jeu et il n’a pas fallu longtemps pour que l’histoire me happe. On y trouve de belles scènes d’action qui contrebalancent avec des moments de plus grande introspection. J’ai relevé quelques belles formulations dans l’écriture, des idées originales dans le script notamment dans les passages un peu plus « casse gueule » de mode de transmission d’un fameux code dont je ne peux vous parler, ou du dressage des rapaces.

Il m’a manqué une toute petite chose, mais c’est vraiment personnel et cela n’entrave en rien le plaisir de la lecture : j’aurai vraiment aimé en savoir plus sur le passé de Gabriel que je ne trouve pas assez exploité. Ma curiosité n’est pas complètement satisfaite de ce point de vue là et je pense qu’il y avait matière à approfondir ce personnage principal du roman en axant davantage sur ses blessures psychologiques passées. Mais bravo pour le scénario, l’atmosphère très anxiogène lors de certains passages (la scène de plongée sans en avoir jamais fait me donne des cauchemars), et le traitement du thème principal, la secte, sans en avoir fait des tonnes. Ce sujet a tendance à rendre le verbe parfois trop prolifique, donc très vite saoulant. Ici, le dosage est juste parfait !

Je souhaite à Laurent Philipparie beaucoup de succès pour son livre et de très nombreux lecteurs !

#LectioLetalis #NetGalleyFrance

 

 

 

 

 

 

 

 

2 réflexions sur “LECTIO LETALIS, Laurent Philipparie – Belfond, sortie le 17 janvier 2019

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Aude Bouquine

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

En savoir plus sur Aude Bouquine

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

Aller à la barre d’outils