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LES PRENOMS EPICENES, Amélie Nothomb – Albin Michel

 

Je profite de mon voyage retour vers Los Angeles pour lire le dernier Amélie Nothomb.
La rentrée littéraire commence toujours par le dernier Nothomb, vous le savez bien !
L’année dernière, elle explorait les relations mère-fille sous le prisme de la jalousie dans son livre « Frappe toi le coeur. » 
Cette année, c’est la vengeance qui a inspiré l’auteur. Un homme, largué par une femme qu’il considère être la femme de sa vie, passe 20 ans à monter sa success life story pour lui coller sa fabuleuse réussite sous le nez en espérant qu’elle en crève de jalousie et qu’elle regrette son choix d’en avoir épousé un autre. Deux victimes à ce plan diabolique : sa femme, Dominique et sa fille Epicène, très loin de se douter qu’elles ne sont que des pions permettant à Claude de construire diaboliquement sa vengeance.
Sont aussi exploitées les relations père-fille, autre thème central du livre.

D’abord, j’ai envie de vous dire que les livres d’Amélie Nothomb sont de plus en plus courts : 162 pages pour celui-là. Prix ? Pareil que d’habitude. Je trouve qu’il y a comme une légère arnaque sur la marchandise, pardon de le dire. 
On peut être sacrément bonne auteur, mais asseoir la profondeur des personnages en 160 pages, ce n’est pas donné à tout le monde et je trouve l’exercice très périlleux…
L’histoire n’est pas inintéressante, loin de là, mais elle n’est pas exploitée comme elle le devrait : avec richesse et profondeur. 
Elle est pleine de clichés qui m’ont fait soupirer par leur affligeante banalité : par exemple la tartine sur le parfum Chanel N° 5. 
« Par quel génie avait-il su que Channel N°5 était la clef de son âme ? Elle l’ignorait mais l’en bénissait. »
Quelqu’un y croit à celle-là ??? L’esprit d’un parfum qui vous libère ? 
Encore mieux, c’est le parfum qui va décider de sa vie. De non amoureuse, elle va devenir amoureuse transie. Soit ! À la rigueur… Si on est très fleur bleue, ça peut éventuellement passer. Pour le coup, chez moi, ça n’a pas fonctionné du tout. Bon d’accord, il y a peu, un ami me disait que le romantique du couple ce n’était pas moi… Il faut croire qu’il avait raison : ce n’est pas la genre de cadeau qui me retourne le cerveau. Je suis légèrement terrassée par la nullité des arguments qui décident de changer les sentiments d’une femme. 
Evidemment après la mariage et la naissance de la petite fille au prénom bizarre, les choses commencent à merdouiller sévèrement au pays du Chanel N°5. (je vous fais grâce de l’explication du titre, de la définition du mot épicène que vous allez trouver dans toutes les autres chroniques.)
Et puis bonjour les lieux communs :
« La personne qui aime est toujours la plus forte. ». C’est d’une insignifiance affligeante… Exactement l’opposé de ce que je pense profondément. Mais je vous l’ai dit, je ne suis pas la romantique du couple…
« Je suis content de mourrir d’une maladie du poumon. Mon désir de vengeance m’a littéralement asphyxiée. » ??? Confondant de banalité…
Je parle du passage sur la thèse d’agrégation qui a pour sujet le verbe « to crave » ? Pareil, totalement pas crédible.

Bref, j’ai trouvé ça d’une superficialité sans nom, bâclé, sans âme, sans message, sans aucune profondeur. Aucun attachement aux personnages parce qu’on n’en a pas le temps, creux, pâle, sans réelle qualité d’écriture, sans passion. 
Un de plus à vendre dans la liste des 20 déjà écrits qui attendent bien au chaud quelque part dans un tiroir. 

Alors, j’ai envie de hurler !! Quand je pense que certains auteurs, doués, avec un vrai talent d’écriture vendent leurs bouquins à moins de 2 euros en numérique, juste pour se faire connaitre, et que d’autres, sous prétexte d’avoir déjà un nom, se permettent de vendre à prix d’or une daube pareille, ça me révolte !!
Ca manque de tripes nom d’un chien !! Quand on écrit, il faut mettre ses tripes sur la table non ??? Et le lecteur devrait, lui aussi, avoir mal aux tripes !!! 
Pour moi, on en est très très loin dans ce livre. Aucune émotion, nada, le vide absolu.

Alors, pas d’inquiétude, les critiques dithyrambiques sur le génie d’écriture de la dame arrivent et les voix discordantes seront bien vite enterrées !
Et on attendra le suivant… en découvrant des interviews dans tous les magazines ventant LE ROMAN qui ouvre la rentrée littéraire, le nouveau petit bijou de la dame au chapeau, on louera son écriture tellement originale, parfaite, et on aura droit à tous les adjectifs bien dégoulinants qui qualifieront son génie.
Bref, je suis déçue par ce livre sans âme, écrit pour faire du fric !!

 

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