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NOUVELLE BABEL, Michel Bussi – Pocket, paru le 2 mars 2023.

Nouvelle Babel, Michel Bussi, édition Pocket

Dans « Nouvelle Babel, Michel Bussi sort de sa zone de confort pour nous transporter en 2097, dans un récit d’anticipation. Non seulement, il ose imaginer le futur, mais par ce biais, il nous emporte dans différentes régions du globe. Imaginez un peu : vous pouvez vivre où vous voulez sur la surface de la Terre, du pied du Mont Fuji aux eaux claires de Polynésie, vous téléporter n’importe où en appuyant sur le bouton de votre montre. La terre devient l’immense terrain de jeu de tous à condition de respecter quelques règles, telles que les jauges de présence par exemple. Les moyens de transport « anciens » voiture, avion, bateau et même bicyclette sont relégués au musée, plus personne ne sait s’en servir et plus personne ne s’en sert… sauf peut-être ce mystérieux homme blond qui accoste dans un archipel des Tuamotu en Polynésie pour y abattre de paisibles retraités. Alors que le monde vit dans une relative absence de criminalité, cet évènement met en péril la paix et la tranquillité des terriens. 

La Constitution mondiale de 2058 « Une seule Terre, un seul peuple, une seule langue» engendre des rêves à ciels ouverts. En 2022, après avoir connu les confinements, l’arrêt des voyages et des rencontres avec l’Autre, le télétravail et donc l’enfermement chez soi, les dissensions entre les hommes, quoi de plus jubilatoire que d’imaginer un autre monde, sans frontières, sans nations. Un monde de l’union, où chaque grande décision est prise par une consultation via l’Ekklesia qui sollicite le vote immédiat de tous, où l’on peut loger où l’on veut, se déplacer où l’on veut. Michel Bussi offre une invitation au voyage prodigieuse, dans des lieux incroyables. Un véritable dépaysement qui fait tant de bien à l’imagination, comme un rêve de gosse devenu réalité le temps de quelques heures de lecture pour ce géographe de formation. Au-delà de ces lieux, l’écrivain questionne ce Nouveau Monde dans lequel l’homme peut vivre autrement. Grâce à la téléportation, il fait appel à nos âmes d’enfants en posant la question du « Et si ? ». Et si, forts de ce TPC, l’on pouvait se déplacer en poussant un simple bouton, à quoi ressemblerait notre monde ? Comment vivrions-nous ? Serions-nous plus en paix ? Comment viendrions-nous à bout de toutes les problématiques auxquelles nous faisons face aujourd’hui ?

« Nouvelle Babel » n’est pas seulement un roman d’évasion, c’est aussi un roman qui interroge sur ce que pourrait être le monde de demain, en posant les aspects positifs et les contreparties. En créant une intrigue policière dans ce monde futuriste, Michel Bussi se donne les moyens de décortiquer ces contreparties. Dans cet univers qui semble parfait, où la majorité ne voit que des avantages, une infime partie de la population aimerait faire quelques pas en arrière pour retrouver une identité : pays, drapeau, langue. Comme pour toute situation, cet univers idyllique ne fait pas que des émules. Ainsi, une succession de crimes met la lumière sur ceux qui pensent différemment. Et pourtant, la téléportation fête ses 100 ans d’existence en 2097, et pour célébrer cet évènement, il est envisagé de créer une tour, la tour de Babel qui symboliserait l’espérance. Non pas pour se rapprocher de Dieu, mais pour ne pas oublier « le privilège que représente cette liberté. Ni la responsabilité qu’elle implique. »

Que j’ai aimé cette proposition de Michel Bussi ! De la première à la dernière ligne, j’ai été totalement embarquée dans ces voyages. Même si « Nouvelle Babel » offre une plongée vers ces « ailleurs », propose un fil rouge de roman policier dans le futur, je trouve que l’écrivain a parfaitement mené sa barque. Nulle situation n’est idéale, et en ce sens, il a réfléchi aux pour et aux contre de cette nouvelle manière de vivre. La téléportation permet de belles promenades dans des lieux magnifiques, des expéditions savoureuses, mille et un couchers de soleil à contempler, mais pas seulement. Elle interroge aussi la vie en société. Quelle bonne idée que cette « démocratie participative », la création de Pangaïa (Gaïa déesse de la terre, et Pan qui signifie tout en grec), que de péripéties dans l’insertion de Pitchipoï qui donne à réfléchir sur les sanctions de ceux qui désapprouvent le système ! Un vrai régal !! Il y a aussi, la beauté symbolique de cette fin qui m’a touchée au-delà du possible, tellement ce vœu pieux de l’écrivain est enivrant de grâce. Pour quelques heures, Michel Bussi m’a donné du baume au cœur, de l’espoir en l’être humain et sa faculté à vivre ensemble, la sensation que l’harmonie puisse faire partie de nos vies si l’on y mettait un peu de bonne volonté. Alors, évidemment, les choses ne sont pas si simples… Je ne peux pas vous les raconter, mais « Nouvelle Babel » est une ivresse, pour l’imagination, pour le cœur, et pour le futur. Et si ? Si seulement…

Découvrez le nouveau roman de Michel Bussi « Trois vies par semaine » sorti le 2 mars 2023

Chronique de « Rien ne t’efface »

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