Qui est donc Alexis Laipsker ? Vous pouvez aller voir sa biographie sur Wikipédia, vous ne serez pas déçu du voyage, le monsieur a un CV long comme le bras. Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est qu’il a fondé en 2007 une agence de communication spécialisée dans le domaine des jeux en ligne et qu’il s’est consacré exclusivement au poker à partir de ce moment-là. Journaliste, joueur, commentateur, il a aussi été animateur d’émissions télévisées durant presque 10 ans. Ambassadeur de la ligue française de poker, puis directeur de la communication de PokerStars, il écrit maintenant pour le Point. Jusqu’a aujourd’hui où … « Et avec votre esprit » sort chez Michel Lafon sous la forme d’un roman qui a, pour toile de fond, le monde scientifique. Pourquoi je vous raconte tout cela ? Parce que l’un des enquêteurs principaux est un ancien champion de poker, comme son créateur, et que l’intelligence d’Alexis Laipsker est d’avoir utilisé ces cartes pour construire son roman. Pas de panique concernant le domaine scientifique, l’auteur ne va pas vous abreuver de tout un tas de notions nébuleuses qui vous donnera envie de raccrocher les éprouvettes à la troisième page.
Il est question de la découverte du cadavre d’un scientifique de haut vol atrocement mutilé, à Strasbourg (bravo pour la scène d’entrée). Au même moment, en région lyonnaise, un physicien renommé disparaît. Y a-t-il un lien entre l’enquête menée par la commissaire Pourson à Strasbourg et celle du lieutenant Vairne à Lyon ? Vous vous doutez bien que dans ce genre de procédé narratif, la réponse est oui, sinon quel intérêt ?
Le procédé narratif qui consiste à mener deux enquêtes de front, dans deux unités de lieux différents, est un traitement que j’aime particulièrement quand il est bien mené. Cela veut dire qu’il faut que les enquêtes se recoupent intelligemment, au bon moment, grâce à des indices pertinents qui ne sont pas posés là par hasard. Alexis Laipsker s’en sort très bien dans cette construction qui peut s’avérer casse-gueule. Il utilise à bon escient son expérience au poker pour dresser le portrait d’un flic attachant qui fonctionne à l’instinct et au décryptage des réactions de ses interlocuteurs. Il évalue perpétuellement le pourcentage de chances dans tous les domaines, allant de son enquête et aux probables coupables jusqu’à sa vie sentimentale. Le personnage féminin qui officie à Strasbourg n’est pas laissé en reste : elle a la personnalité qui sied à son sexe et à sa position. Une commissaire, femme, qui doit s’imposer, prendre des décisions pas toujours bien reçues par la gent masculine et ordonner pour faire bouger les choses.
Nous sommes dans une véritable enquête de police avec tous les codes du genre, mettant en lumière une problématique « Est-ce que le cerveau peut receler une sorte de… d’information…qui mérite qu’un assassin le vole ? », mais aussi plusieurs disparitions mystérieuses de scientifiques travaillant tous dans des filières différentes. L’intrigue est habilement ficelée en reposant sur des personnages forts, notamment féminins que l’auteur n’a pas peur de secouer un peu. Il y a un petit côté désuet dans ce roman qui rappelle les grands enquêteurs d’antan, Columbo et consorts, ce qui n’a pas été pour me déplaire. Rajoutez à cela une bonne dose d’humour, notamment par l’intermédiaire d’un personnage féminin qui n’a pas sa langue dans sa poche et vous obtenez un roman efficace, attachant et relativement bluffant. Une lecture idéale pour l’été !
Je remercie les éditions Michel Lafon de leur confiance.