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LA VIE EST UN ROMAN, Guillaume Musso – Calmann-Lévy, sortie le 26 mai 2020.

Alors que je publiais la photo de mes derniers achats littéraires dont « La vie est un roman » de Guillaume Musso », j’ai été, comme les trois années précédentes, la cible d’un certain nombre de remarques plus que désobligeantes  : « Musso, Dicker, pour ceux qui naiment pas vraiment la littérature. », « Elle préfère du MacDo littéraire que de la gastronomie. ». Ces réflexions montrent bien, si besoin en est, où nous en sommes encore en 2020, lorsqu’il est question d’un auteur, tête d’affiche, qui vend. A-t-il évolué depuis sa première parution, s’est-il renouvelé, a-t-il progressé, est-il détenteur d’une nouvelle forme d’inspiration qui va lui permettre, encore une fois de happer ses lecteurs, dit-il de nouvelles choses ? Les imbéciles aux préjugés abrutis se ficheront bien de trouver des réponses à ces questions, trop auto centrés sur leurs probables manuscrits en gestation, jaloux sûrement de ne pas avoir la lumière tant voulue, portés sur leurs maigres petites phrasounettes, pédantes à souhait, certainement pondues à grand renfort de citations de maîtres à penser lors de vagues études de lettres dont les réminiscences servent de terreau à tenter de scribouiller un truc qui s’apparenterait à un roman. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : l’intelligent aura le discernement nécessaire pour affirmer que la lecture d’un roman est un plaisir tout à fait personnel, intime, presque confidentiel. Chaque année c’est la même histoire et c’est la même rage qui monte qui monte en moi.

J’ai donc lu le dernier roman de Guillaume Musso, que je viens de terminer à l’instant et forte de ces quelques remarques précédentes, j’ai bien ri en observant avec quelle maestria l’auteur fait un pied de nez (pour ne pas dire un doigt d’honneur, oui, j’ose) à tous ces idiots, et à l’ensemble de ses détracteurs. Que c’est jouissif de lire entre les lignes et de pouvoir appréhender un message qui n’est pas écrit ! L’histoire du roman établit parfaitement la situation actuelle du romancier dit « à succès » et la place d’un auteur dont le nom est connu dans le monde de l’édition. La démonstration est brillante, et le ton savoureux à souhait. Encore faut-il avoir envie, et une once de curiosité peut-être, pour comprendre le message laissé entre ces pages. Le crétin de base qui lira l’histoire en diagonale, contre sa volonté, juste pour descendre le bouquin en mettant son cerveau sur off (ce n’est que du Musso après tout, pas besoin de sortir d’Hypokhâgnes) n’hésitera pas un instant à laisser ce genre de commentaires : ouais bof, il ne s’est pas foulé, encore un truc insipide, au mieux du recyclage, au pire un vieux manuscrit sorti de derrière les fagots. Là encore, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : chacun est libre de ne pas aimer un roman, encore faut-il pouvoir donner quelques arguments tangibles, et sans être de mauvaise foi.

Dans « la vie est un roman », Guillaume Musso parle de littérature, du métier d’écrivain, de l’inspiration, de comment naissent les personnages, de ce qui fait un roman. Pour ce faire, il déroule une histoire qui peut sembler banale, ou déjà vue. Encore une histoire d’écrivain ? Il n’avait pas déjà parlé de ça l’année dernière ? C’est qu’il doit en avoir des choses à dire Guillaume Musso et des comptes à régler… Quand on fait partie des écrivains les plus attaqués par la bien-pensance culturelle et l’intégrisme littéraire on a certainement envie de répliquer…Lui, le fait intelligemment, par un roman, je dirai même sous couvert d’un roman…  Si j’étais lui, je ferais exactement ce qui fait le point d’ancrage de cette formidable histoire, juste pour voir. Pour savoir de quoi il s’agit, vous allez devoir le lire… et essayer de comprendre ce qu’il ne dit pas. « Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire les étiquettes collées sur elles. »

« La vie est un roman », n’est pas juste un roman. Guillaume Musso n’est pas juste un auteur à succès, c’est un formidable conteur. Ce livre est une réflexion habile sur un métier, et un métier dans lequel on est sans arrêt attaqué par « ce bal des casse-pieds ». Pour l’apprécier, encore faut-il prendre le temps d’en décoder les allusions.

Je crois que Guillaume Musso peut s’enorgueillir d’avoir pris suffisamment de recul sur les romans qu’il écrit et les quolibets dont il fait l’objet pour dire ce qu’il pense… sans le dire tout à fait. L’habilité des grands écrivains sans doute… Son imagination est vertigineuse et il le prouve encore une fois dans ce roman unique, qui n’est pas une simple histoire, ni une simple histoire d’amour, mais aussi une réflexion profonde sur l’acte d’écrire, le mélange épicé entre réalité et fiction, le positionnement de l’écrivain dans sa vie réelle versus la rédaction de ses textes. Qu’attendons-nous donc d’un écrivain sérieux ? « qu’il défende l’idéal d’une écriture esthétique, intellectuelle, n’ayant d’autre but que la forme ? » ou que « la grande force de la fiction réside dans le pouvoir qu’elle nous offre de nous soustraire au réel ou de panser les plaies infligées par la violence alentour. » ?

Je salue ici l’imagination surprenante dont il a fait preuve, la culture littéraire dont il fait montre, pour nous permettre à nous aussi de nous « égarer hors de la réalité ». Je vous invite à suivre Guillaume dans un endroit appelé le trente sixième sous-sol. « C’est là que se trouvent les idées les plus audacieuses, les fulgurances, l’âme des personnages, l’étincelle de la créativité ». Et de l’audace, il en a fallu pour écrire cette véritable pièce de théâtre.

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