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ALICE, Heidi Perks – Préludes, sortie le 15 mai 2019

Comme l’indique assez clairement la couverture, ce roman traite de la disparition d’une petite fille prénommée Alice. Pour la première fois, Harriet sa maman la confie à une amie, Charlotte afin de pouvoir suivre des cours de comptabilité. Ce n’est pas de gaité de cœur, c’est vraiment par nécessité. Charlotte emmène la petite Alice à la kermesse de l’école avec ses propres enfants. C’est à ce moment-là qu’Alice disparaît. Tout est mis en œuvre pour la retrouver, mais rien n’y fait : elle semble s’être volatilisée. Les recherches se multiplient, les interrogatoires des personnes concernées aussi. L’affaire Alice Hodder est ouverte.

« De bien des façons, dire la vérité serait la solution de facilité ». D’entrée de jeu, le lecteur est mis dans la confidence : les choses ne se sont pas passées comme on pourrait les imaginer. Le scénario est somme toute assez classique pour ce thriller domestique. Le traitement que Heidi Perks en fait reste standard : interrogatoire de la mère d’Alice, interrogatoire de Charlotte. Dès le départ, le lecteur sent bien que chacune a quelque chose à cacher… Plutôt logique dans ce type de roman, sinon il n’y aurait rien à raconter.

Je voudrais mettre l’accent sur les personnages. Si la psychologie des deux femmes reste assez superficielle (l’auteur aurait pu creuser davantage), le roman met en lumière une certaine conception de l’amitié. Celle-ci est née d’une sorte de pitié de Charlotte envers Harriet qui n’a pas d’amies et passe la majeure partie de son temps seule. Cette amitié évolue peu à peu vers une relation à sens unique. L’une raconte tous ses malheurs pendant que l’autre garde le silence sur sa vie privée. Cela fait apparaître Charlotte comme très égoïste, auto centrée et Harriet un peu gougourde. Difficile dans ces conditions de s’attacher à ces personnages de femmes. Aussi, lorsque l’une confie sa fille à l’autre, on se demande bien pourquoi sachant que cette relation n’a d’amitié que le nom. À mon sens, le personnage qui m’a fait continuer ma lecture est celui de Brian, mari de Harriet. Pas piqué des vers le bonhomme ! C’est vers lui que toute mon attention s’est portée et je trouve que les caractéristiques comportementales qui lui sont données aiguisent la curiosité du lecteur. Il est très vieille France (même si le récit se déroule en Angleterre), rétrograde et macho à souhait. C’est simple, on a envie de lui coller des baffes. Du coup, dans la distribution de baffes à titre purement gratuit, on en réserve quelques-unes à Harriet qui a l’air totalement à l’ouest, téléguidée par une absence de réactions qui frôle la maladie mentale.

Dans la seconde partie du roman, le voile se lève sur ce que le lecteur aurait pu qualifier de comportements abracadabrantesques et développe des pistes intéressantes. Si la culpabilité d’avoir perdu une enfant dont on avait la surveillance est plutôt bien menée en première partie, c’est l’aspect des secrets familiaux, et le domaine de l’intime qui sont mis en lumière dans cette dernière partie. Cela relance l’intérêt : on cherche à savoir ce qui est arrivé à cette petite fille.

Alors ? Quel est le bilan de ce roman ? Ce n’est pas un abandon, déjà ça c’est un point positif, mais ce n’est pas non plus le thriller domestique du siècle. La fin m’a étrangement rappelée un livre ou un film dont il m’est impossible de me souvenir du titre. Une chose est sûre, j’avais une curieuse impression de déjà vu, déjà lu. Maintenant, il faut aussi être honnête : il est de plus en plus difficile de me surprendre sur ce genre de lecture parce que j’en ai lu un paquet. Pour ceux qui n’en lisent que de manière occasionnelle, l’intrigue peut fonctionner. Je n’ai ni aimé ni détesté. Cela m’a simplement permis de faire une petite pause cérébrale entre 2 romans noir beaucoup plus dense et au final, ce n’était pas si mal. Je vous conseille donc d’essayer sans mettre la barre trop haute, mais en l’appréhendant comme un divertissement agréable.

#Alice #NetGalleyFrance

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