Aude Bouquine

Blog littéraire

Paul et Éva forment un couple en perdition. Il est artiste peintre, elle est banquière. Un monde entier les sépare : il vit dans la création, les sensations, les émotions, elle rend les riches encore plus riches. Leur famille a connu un drame terrible, de ceux qui créent un fossé infranchissable. Progressivement, chacun englué dans sa propre douleur, ils se sont éloignés, incapables de communiquer. Seule l’existence de leurs deux filles les rattache à la vie. Un homme entre progressivement dans l’existence d’Éva « épuisée de cette vie ». Qui est-il ? Que veut-il ?

Le roman commence par une écriture à deux voix. Un même moment, un même fait raconté par Éva, puis par Paul. L’accent est mis sur la différence de perception homme/femme. C’est subtil, bien dosé, suffisamment intrigant pour donner envie au lecteur d’en savoir plus, mais il comprend, d’instinct, que quelque chose d’épouvantable s’est déroulé dans cette famille. La poésie dans l’écriture plonge l’ensemble dans un mix entre rêve et réalité. D’abord, la réalité du quotidien d’Éva gestionnaire de fortunes, toujours entre deux trains ou deux avions, courant d’un client à l’autre pour ne pas penser, ne surtout pas se souvenir, ne pas souffrir. Éva se ment à elle-même. L’échappatoire professionnelle fonctionne un temps, jusqu’à ce qu’elle finisse par s’écrouler. Paul, lui, vit dans un monde plus lucide, même si confus. Il sait que les émotions refoulées finissent toujours par trouver un chemin du subconscient vers le conscient. Il sait que le dialogue est essentiel, mais ne peut prononcer un mot. « Dans nos errances respectives, nous avons la rage silencieuse. ». J’ai aimé cette acuité de l’auteur d’expliquer comment deux êtres, gèrent de manière totalement différente la douleur de la perte, en élargissant chaque jour le gouffre des non-dits jusqu’à ce qu’il devienne totalement infranchissable laissant chacun sur la rive opposée.

Progressivement, ce roman de souffrances et de non-dits glisse vers quelque chose de plus sombre avec l’arrivée de cet homme qui s’immisce dans la vie d’Éva. Xavier De Moulins change de registre pour emmener son lecteur vers le thriller. La peur s’immisce, le danger guette. Le lecteur va de découverte en découverte entre angoisse et excitation. Mais surtout, il me semble (mais j’avoue n’avoir aucune certitude) que nous changeons d’espace-temps, naviguant entre 2008 et huit ans plus tard.

Sur ce roman planent le feu, la mort, le manque de souffle, l’impossibilité de respirer.     « Chez nous, souffler, c’est crever », et le besoin viscéral de tout tenter pour ne pas tout perdre. Entre folie et réalité, l’auteur nous perd entre vérité et mensonge. Comment supporter une seconde perte lorsque la première vous a déjà laissé exsangue ? La folie prend alors toute la place et le thriller devient psychologique. Seule la fin, qu’il vous faudra relire sous cet éclairage nouveau vous permettra éventuellement de remonter le fil d’Ariane.

Parlons justement de cette quatrième partie censée donner au lecteur les dernières clés. J’avoue avoir rebroussé chemin pour identifier ce que j’avais pu rater. Rien n’y fait, quelque chose m’a échappé. Je suis perdue. Je ne comprends plus rien. Je ne peux dévoiler ici toutes mes incompréhensions sous peine de spoiler l’intrigue, mais j’avoue être circonspecte. Cette fin me perd plus qu’elle ne m’éclaire. J’en viens à me dire que je n’ai rien compris du tout au livre. Que si j’en ai apprécié l’écriture, les idées rassurantes sur la mort, la clairvoyance concernant la déchéance du couple, la douleur de la perte, mon esprit ne peut rattacher les faits pour y trouver un éclaircissement.

Je reste donc totalement perdue et déçue parce que je me préparais vraiment à rédiger une chronique positive sur ce roman. Même si je ne suis pas une passionnaria des fins, celles d’un roman psychologique se doit, à mon sens, d’expliquer l’ensemble du roman.  Cette fin est franchement trop alambiquée pour moi…

#LaVieSansToi#NetGalleyFrance

 

Une réflexion sur “LA VIE SANS TOI, Xavier De Moulins – JC Lattès, sortie le 27 mars 2019

  1. C’est vrai qu’on est toujours déçu quand la fin n’est pas suffisamment aboutie. Dommage. Bon weekend Aude 🙂

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