Aude Bouquine

Blog littéraire

Raphaël Bertignac est « nettoyeur de scènes de crime ».Un passage à vide lui a fait quitter une brillante carrière de journaliste à laquelle il ne croyait plus et un mariage avec une actrice nombriliste. Il est appelé en intervention dans un appartement où une jeune femme s’est suicidée. Mathilde Bourgoin s’est ouvert les veines avec un crucifix, en cherchant préalablement à se crever les yeux. Pas banal comme façon de mettre fin à ses jours. Partout apparaît le nom Nosferatu. La passion première de Raphaël renaît grâce à ces étranges événements. Le sang du journaliste d’investigation qu’il était autrefois bouillonne. Bientôt, la découverte d’un autre cadavre salement amoché propulse Raphaël sur les traces d’une organisation spécialisée dans le trafic d’organes. De Paris à Prague, en passant par la Roumanie, Raphaël se lance à corps perdu dans une réalité qui va totalement le dépasser.

Vous avez peut-être découvert Mickaël Koudero avec « Des visages et des morts », roman qui laissait présager l’arrivée d’un nouveau talent dans le monde du Noir. Autant vous le dire tout de suite : « La faim et la soif » est le roman de la consécration. Comment vous expliquer à quel point j’ai été bluffée, d’abord par l’évolution dans l’écriture, devenue précise, affûtée, l’emploi de figures de style souvent très poétiques (surtout dans sa manière de décrire le physique des personnages ou les villes par lesquelles transite le héros), mais aussi par l’intrigue, menée de main de maître et cela dès les premières pages. Il faut que j’ajoute que ce roman est très documenté, le propos s’appuie sur des thématiques précises et fouillées, ayant certainement nécessité d’énormes recherches. Le tout rend ce thriller vraiment passionnant.

Les thèmes abordés sont denses. J’ai été particulièrement intéressée par la mémoire cellulaire qui peut faire suite à une greffe d’organes. Le sujet, passionnant, ouvre bien des perspectives et les problématiques qui peuvent en découler coulent à foison. C’est par cette thématique précise que Mickaël Koudero a su susciter ma curiosité en proposant une intrigue originale et très accrocheuse. « Un receveur d’organes peut ressentir des émotions liées à la mémoire du donneur ? ». La question est posée ! Vous déduirez aisément que le trafic  d’organes est le sujet principal de ce roman, et cette thématique est annoncée très rapidement dès les premières pages. « L’homme est devenu une marchandise comme les autres.(…) Nos chairs aux enchères ou l’absolu du pire. » Vous découvrirez également un approfondissement très intéressant du symbolisme des différents organes qui a nourri mon avidité de lectrice.

Enfin, j’aimerais accentuer mon propos en mettant l’accent sur le fait que ce roman est véritablement un thriller sociétal bien ancré dans les problématiques de notre époque. J’y ai trouvé de belles réflexions sur le système politique et son fonctionnement, sur la misère, les drogues « ces poussières d’ange qui mettent de l’apothéose dans l’éphémère ». En racontant l’histoire de la Roumanie après la chute de Ceausescu, l’auteur nous embarque dans l’histoire d’un peuple dont personnellement j’ignorais beaucoup. Ainsi, il construit l’enquête que mène Raphaël sur les cendres de ce pays en y ajoutant les thématiques du cannibalisme et en laissant planer l’ombre du diable.

C’est un récit qui va à 200 à l’heure, sans pauses et sans s’essouffler. Si la première partie pose vraiment le scénario, la seconde en donne véritablement le tempo et s’accélère encore. Cela peut devenir un problème si vous n’avez pas une lecture suivie du roman, car plusieurs personnages font leur apparition et vous risquez de perdre facilement le fil. Ça file comme un épisode de 24 heures chrono : si vous vous endormez 10 minutes, vous ne comprenez plus rien ! L’atmosphère suffocante, réaliste, est la cerise sur le gâteau. Elle est parfaite pour rendre ce thriller véritablement haletant.

Pour terminer, haro sur la fin, tout simplement excellente. Habituellement, les fins ne trouvent pas grâce à mes yeux et je les retiens à peine. Celle-ci, peu conventionnelle, osée, clôture parfaitement bien une lecture électrisante. Je vous invite vraiment à découvrir Mickaël Koudero, vous m’en direz des nouvelles !

 

DES VISAGES ET DES MORTS, Mickaël Koudero -Mortagne, sortie 12 mars 2018

4 réflexions sur “LA FAIM ET LA SOIF, Mickaël Koudero – Hugo Thriller, sortie le 7 février 2019.

  1. J ai beaucoup aimé ce livre qui m a fait emprunter des livres à la bibliothèque sur la rRoumanie et son histoire… une lecture marquante…

  2. Aude Bouquine dit :

    Je suis d’accord
    Et très documentée !

  3. Oui oui, au delà de l intrigue qui m a plu… suis curieuse d en apprendre plus…

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