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LE SIGNAL, Maxime Chattam – Albin Michel

La famille Spencer décide de quitter New York pour s’installer à Mahingan Falls, petite bourgade de Nouvelle-Angleterre. Ce déménagement est l’occasion rêvée pour changer de vie, laisser derrière eux l’agitation d’une vie citadine, et profiter du calme de la campagne pour revoir leurs objectifs de vie futurs. Leur tranquillité va être de courte durée puisque l’été que vont passer Tom, Olivia et leurs 3 enfants dans leur nouvelle maison regorge de phénomènes inexpliqués, de morts aussi soudaines que brutales, et de peurs jugées intrinsèques qui viennent hanter leurs nuits. Petit à petit, ils vont découvrir la véritable histoire de cette maison et comprendre les drames qui s’y sont déroulés. Parallèlement, des éléments récurrents comme la peur des animaux à se rendre en forêt, ou de glaçants cris d’épouvante vont venir s’ajouter à ses révélations et leur ouvrir les yeux sur des réalités insoupçonnées.

Je peux dire que j’ai vraiment eu du mal à lire ce livre, plus de 10 jours de lecture dans le même bouquin, ce qui ne m’arrive jamais. A la décharge de Maxime Chattam, je dois dire que sortais d’une lecture difficile émotionnellement parlant, refusant un peu de passer à autre chose. Ce faisant, j’ai refusé aussi de le laisser m’embarquer dans son histoire parce que ma tête était ailleurs. D’abord, je n’arrivais pas à m’attacher aux personnages car j’avais l’impression de le voir lui et sa femme. Bon! J’aurai du commencer par lire les remerciements, j’aurai compris que même si cela avait été inconscient au début de l’écriture, c’était finalement devenu quelque chose d’assumé (et corrigé par Faustine, son épouse). Ensuite, j’ai souvent eu un doute sur l’identité de l’auteur que je lisais : Stephen King ou Maxime Chattam, tant les longueurs du début m’ont fait penser au premier, dans cette lenteur particulière qu’il met à installer son décor, ses personnages, une ambiance qui peu à peu devient de plus en plus inquiétante. Certaines scènes aussi, comme celle de l’épouvantail, m’ont transportée dans un autre temps, celle de mon adolescence lorsque je lisais les premiers livres du Maitre. J’ai donc eu du mal à lui accorder un certain crédit, je me suis mise à comparer, à chercher des indices, à critiquer des chemins pris et surtout, surtout, à ne pas le lire régulièrement, sans véritable envie de continuer, mais sans non plus l’envie d’arrêter, ne sachant pas vraiment quoi en penser, ni même quoi en dire. Aujourd’hui, il me restait donc 400 pages, et j’ai décidé de m’y mettre, sans m’arrêter et de lui laisser un vraie chance de me surprendre et de m’embarquer dans son histoire.

Quelle bonne idée, je n’ai pas eu à le regretter ! J’ai tourné ces 400 dernières pages sans ennui, et même avec une certaine fascination, souriant d’imaginer Maxime et Faustine dans une ferme au milieu de nulle part, frissonnant de voir arriver les moments où la peur est distillée au compte-goutte, découvrant avec plaisir ce qu’il nous avait mijoté. Les 200 dernières pages sont d’une exceptionnelle qualité rédactionnelle. Elles sont mêmes quasi cinématographiques tant les mots renvoient aux images d’un film. J’ai alors compris que les 340 premières pages étaient nécessaires pour nous donner ces 400 dernières pages, comme chez Stephen King. J’ai retrouvé le Chattam de « la Trilogie du Mal », celui qui sait décrire les scènes avec force détails et réalisme, celui qui vous embarque dans un dénouement que vous n’avez pas imaginé, qui ne verse pas dans la facilité (on tue tous les méchants et on ne garde que les gentils) et qui se lâche complètement dans des descriptions minutieuses notamment quand il évoque la peur ou décrit certaines morts terrifiantes. J’ai même sursauté dans mon jardin lorsque les feuilles bruissaient et vu au loin des gens qui n’étaient pas là…. C’est dire !! Nous sommes bien dans un thriller fantastique, et alors que ce n’est pas mon genre de prédilection habituellement, cela ne m’a pas gênée du tout, emportée que j’étais dans cette histoire dont je ne peux rien révéler.

Le problème majeur que je vois à tout ça ? Il faut pouvoir lire ce livre d’une seule traite (ceux qui prévoient un week-end d’hibernation pour l’attaquer ont tout à fait raison) pour le laisser entrer en vous et passer les barrières des premières pages un peu clichées où Monsieur et Madame Parfait s’installent dans la maison parfaite, avec leurs enfants parfaits,  dans un petit village parfait. Ne pas faire ce que j’ai fait : lire un chapitre par ci, un autre par là, ou carrément un autre bouquin en plein milieu. Il y a une raison à ces 740 pages, une volonté de prendre son temps tout à fait louable et nécessaire, d’instiller une progression dans le traitement de la terreur en accentuant le côté très rationnel des personnages (surtout celui d’Olivia) dans le premier quart. Il développe également des thématiques intéressantes, de celles qui font réfléchir sur notre mode de vie notamment. D’une lecture pénible, je suis passée à une lecture franchement prenante.

Vous l’aurez compris, quand vous aurez du temps devant vous, et aucun engagement de prévu, vous pouvez vous y mettre : vous verrez c’est réussi !

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