Aude Bouquine

Blog littéraire

« Je t’aime » est un thriller psychologique qui débute par une petite cachotterie faite pour d’excellentes raisons et qui se solde par un drame familial. Je devrai dire, des drames familiaux, parce qu’en vérité cela va toucher trois familles.

Pour ce nouveau roman, Barbara Abel choisit de nous emmener au coeur d’une famille recomposée, et pour se faire, elle est venue incognito chez moi faire un petit stage en entreprise. C’était notre invitée mystère : elle a pris des notes, consigné toutes les failles, exploré toutes les situations du quotidien, compulsé tout ça et ça a donné « Je t’aime »;-)
Je te livre un petit secret : mon mari et moi nous avons 6 enfants, 3+2+1, ça veut dire, 3 à lui, 2 à moi, 1 ensemble. Les challenges, on adore !

Maude et Simon sont mariés. Ils ont chacun des enfants d’un premier mariage : Suzie 11 ans et Arthur 15 ans pour Maude, Alice 18 ans pour Simon.
Ils emménagent tous ensemble dans la maison du bonheur, celle qui appartient à Maude… celle où elle a vécu avec son premier mari… (J’aurai pu te dire que ça aller pas marcher ça..)
Ils se fixent des règles: chacun gère ses gosses, l’autre n’intervient pas « ne pas juger, ne pas condamner« , le bisounours land des familles recomposées, le monde que tu décides de créer avant d’être plongé dans la réalité terrain.
« Ils savent que les enfants ne sont pas les alliés dans cette aventure, bien au contraire : leur rôle consiste en général à tenter de diviser pour mieux régner. »
Mon dieu, tu ne crois pas si bien dire. Chez moi, on appelle ça le meute . Même quand ils se détestent parfois ou qu’ils se jalousent, quand il est question des parents, ils sont toujours contre nous et font bloc. Une meute de loups qui vous bouffe.
Maud surprend Alice entrain de fumer du canabis dans sa chambre. Sous les supplications de cette dernière et pour tenter de créer un lien fort avec la gamine (l’enfant de l’autre), elle décide de ne rien dire à Simon. Parce que oui,
« Trouver sa place auprès des enfants de l’autre relève de la haute voltige »
 » Il faut savoir se faire respecter sans espérer se faire aimer « . Maude espère que ce secret va créer avec sa belle-fille des liens indéfectibles et définitivement les rapprocher.
6 mois plus tard, un terrible accident fera ressortir ce secret bien gardé car malgré la promesse faite, Alice a continué à fumer.

Pourquoi c’est réussi ?
Parce que c’est vrai,
Parce que ça sonne juste,
Parce que les personnages sont ceux de la vie réelle,
Parce que c’est le reflet exact de la Vraie Vie,
C’est comme ça que les choses se passent VRAIMENT dans une famille recomposée.
Dans ce livre, la force de Barbara Abel est son talent à retranscrire rigoureusement le challenge quotidien des parents et des enfants qui vivent dans ce type de famille.
Les émotions et les sentiments qui fleurissent tout au long du livre, les déceptions, les frustrations, tout y est.

Tu me diras : quel est l’intérêt de se plonger dans un bouquin où l’auteur raconte les challenges de ta propre vie ?
Simplement confirmer que tu n’es pas folle, que tout le monde passe par là, que tes challenges sont aussi ceux des autres ! ET ça fait un bien fou !!!! Que toi, tu as de la chance parce qu’aucun de tes gosses n’est responsable d’un incident épouvantable, du coup tu passes pour la reine de la famille recomposée 2.0 et tu as le droit de te balader un peu avec ta couronne de maman parfaite.

Pour revenir sur les détails de ce thriller et sur ce que j’ai vraiment aimé :
Le prologue est très réussi : elle a une façon de présenter ses personnages qui augure une impossibilité à les lâcher.
Les personnages secondaires comme Solange ou Nicole sont loin d’être négligés : leurs profils psychologiques sont également parfaitement achevés.
Elle développe extrêmement bien comment un incident mineur peut rendre cataclysmique le vie de plusieurs familles par un déferlement de réactions en chaines.
La thématique du deuil et de ses affres est une vraie réussite.
Elle sait les mots qui ne se rattrapent pas surtout quand ils sont générés par une douleur incommensurable, ou simplement l’envie de faire du mal à l’autre pour lui clouer le bec.
Dans la famille recomposée chacun arrive avec le bagage de son passé, de petites fissures peuvent devenir très rapidement de grosses fractures qui perturbent un équilibre déjà très précaire. L’enfant de l’autre reste pour toujours l’enfant de l’autre, quoi qu’on fasse, quoi qu’on mette en oeuvre pour l’accepter, même lorsqu’un amour profond est là.
Son parent le défendra toujours, quoi qu’il ait fait.

Ce n’est pas la peine que j’en rajoute, je suppose, sur la réussite de ce thriller, tu as compris qu’il faut le lire, qu’il devrait être considéré comme d’utilité publique.
Tu peux t’en servir comme coach de vie pour tout ce qu’il ne faut pas faire, retenir ce qu’au contraire il faudrait faire, souligner des phrases et les faire graver en lettres d’or sur ton
frigo :
« Une famille recomposée, c’est comme une greffe : on ne sait jamais si ça va prendre »
Ou celle ci : « L’ex-mari, c’est le meilleur ennemi de la famille recomposée. Celui qui va tout faire pour que ça ne fonctionne pas. Parce qu’un autre homme ne peut pas réussir là où il a échoué. » C’est pourtant si simple formulé comme ça Barbara, comment j’y ai pas pensé moi même, je me serais évité bien des noeuds au cerveau.

Bravo Madame pour tant de justesse, au plaisir d’en parler au Festival Sans Nom en octobre. La folle qui vous « hugera » en vous disant merci, ce sera moi 😉

 

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